jeudi 2 mai 2019

Pourquoi le tampon JUIVE sur la carte d'identité de Mathilde Parlier ?

Qui était Mathilde PARLIER ? La carte d'identité de cette nîmoise porte le tampon rouge JUIVE. Or, il semble que cette personne n'était pas juive au regard des deux statuts des juifs de 1940 et 1941.


Mathilde Parlier est née à Nîmes en juin 1880
Peut-il s'agir d'une erreur administrative ?
Ou même d'un geste de solidarité comme cela a pu se faire avec le port de l'étoile jaune ?

Le "tampon JUIF" apposé sur sa carte d'identité de mai 1943 avait été instauré par une loi du gouvernement de Vichy du 11 décembre 1942. Il s'agissait d'optimiser le recensement des Juifs de la zone sud qui datait de juin 1941. Une mesure identique avait été prise par le préfet de la Seine le 19 octobre 1940, sur décision du chef de l'administration allemande.

Mathilde PARLIER est née le 30 juin 1880 à Nîmes. Elle meurt en 1944 à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime).
Son acte de naissance ne mentionne aucune ascendance juive directe et il n'y a pas eu de changement de patronyme.
Les données du site Geneanet (*) indiquent que sa mère était née Emma Louise Césarine THEROND. Un nom très présent dans le Gard, la Lozère et l'Hérault.
Ses grands-parents maternels s'appelaient Emile Jules THERON 1826-1878 et Louise Marie GASQUIEL 1829-1861. 

La mère de Mathilde PARLIER s'était mariée le 12 juin 1877 à Nîmes avec Albert PARLIER 1851-1928. Le couple a eu six enfants. Cinq filles et un garçon. Trois sont décédées avant guerre. Un garçon est décédé en 1946 et une fille en 1963.
L'arbre généalogique du père, Albert PARLIER, fait apparaître un grand-parent paternel ayant un prénom biblique : Aaron PARLIER 1783-1831. Des prénoms courants dans les familles protestantes. La grand-mère s'appelait Jeanne BONY née en 1783.

(*) Geneanet :

Geneanet mentionne que Mathilde PARLIER aurait été diaconesse protestante, ce qui rend encore plus incompréhensible la mention JUIVE.
Le nom de Mathilde PARLIER ne figure sur aucune liste de déportation.

Des déclarations d'identités juives ont été annulées après des recours soumis au Pr Montandon, qui dirigeait l'Institut d'études des questions juives et ethnoraciales (IEQJR).
Le service du Statut des personnes au Commissariat Général aux Questions Juives (CGQJ) était garant des origines dans les cas litigieux. Il intervenait notamment lors de l'examen de certificats de baptême, de conversions.
Lors des demandes d'exemption du port de l'étoile jaune, le CGQJ ne donnait aucune suite mais il invitait les demandeurs à prouver leurs "origines aryennes". 
La formule administrative " jusqu'à détermination de l'appartenance raciale " était utilisée par les autorités allemandes pour confirmer ou non la validité de certificats d'exemption.


Le patronyme PARLIER correspond à un nom de métier : le parlier étant un contremaître qui, sur un chantier, est chargé de transmettre les ordres du maître d'oeuvre aux ouvriers bâtisseurs.

Je suis évidemment preneur de toute précision permettant d'élucider cette énigme identitaire.

Thierry Noël-Guitelman

Le premier statut des juifs du 3 octobre 1940 stipulait dans son article premier : est regardé comme juif, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif.
Le second statut, du 2 juin 1941, combine race et religion.

Est regardé comme juif : celui ou celle, appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d'au moins trois grands-parents de race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de de deux grands-parents de race juive. Est regardé comme étant de race juive le grand-parent ayant appartenu à la religion juive.

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