mercredi 21 novembre 2012

A lire : " Il était une fois en France " tome 6

L'idée d'un film avec Patrick Timsit, pour incarner "Monsieur Joseph" - alias Joseph Joanovici - serait en train de faire son chemin...
Pour ceux qui cherchent des idées de cadeau pour Noël, nous conseillons le tome 6 de "Il était une fois en France" - le dernier de la série signé Fabien Nury et Sylvain Vallée - paru aux éditions Glénat qui raconte comment Joanovici tenta de s'exiler en Israël...
Juillet 1949 : Joseph Joanovici comparaît devant la Cour de Justice de Paris pour collaboration. Son avocat est optimiste : les jurés lui pardonneront d’avoir fait fortune sur le dos des nazis, quand ils verront le nombre de Juifs qu’il a sauvés !
Joanovici n'était pas astreint au port de l'étoile jaune, sans même disposer d'une exemption.
Monsieur Joseph croyait qu’il pourrait se faire oublier, peut-être même trouver refuge en Terre Promise... C’est sans compter sur la haine tenace du juge Legentil, qui suivrait son ennemi intime jusqu’en enfer si cela lui permettait de faire triompher la justice.
L'immense succès public et critique, récompensée par le Prix de la Série à Angoulême, de "Il était une fois en France" se clôture superbement par ce 6e album qui raconte les dernières années d'un des personnages les plus ambigus des années de la Collaboration, entre 1940 et 1944.

Voir le site des éditions Glénat et le mini-site consacré à la saga

dimanche 18 novembre 2012

Pour en savoir plus sur les exemptions de l'étoile jaune

Si certains Juifs n’ont pas voulu porter l'étoile, d’autres ont bénéficié d'une exemption. Un privilège très rarement accordé par les autorités allemandes. Dans les familles concernées, un véritable tabou a recouvert ces situations, enfouissant au fond des mémoires les circonstances qui ont permis d'échapper au port obligatoire de l'insigne.
70 ans après, il est temps d'en parler !

 
> 26 Juifs officiellement exemptés
> 8 exemptions pour de "pressants motifs économiques"
> 6 exemptions liées à la police anti-juive
> Certaines nationalités bénéficiaires
> Léo Israelowicz et l'exemption de Robert Gamzon, de l'UGIF
> L'exemption du compositeur Marcel Lattès
> L'exemption d'Ida Guitelman grâce à une simple lettre ?
> 3 exemptions pour faciliter le vol des oeuvres d'art 
> Des demandes transmises aux préfets et l'attitude de Maurice Papon 
> Pétain a souhaité une exemption pour la veuve de Bergson
> Pétain a souhaité une exemption pour le pianiste Kostia Konstantinoff
> 10 exemptions à explorer...  

> DES DEMANDES D'EXEMPTION REFUSEES
> Maurice Goudeket, le mari de Colette
> Les pompiers de Paris 
> Nelly Franckfurt une Polonaise de 17 ans
> La résistance des avocats
> La veuve de Fernand Widal
> La baronne Lucie Girot de Langlade née Stern

> ILS N'ONT PAS PORTE L'ETOILE 

> Max Jacob 
> Louise Jacobson

dimanche 11 novembre 2012

De fausses exemptions d'étoile jaune

Depuis juin 1940, Joseph Wilberger, NSKK-Hauptsturmführer, est responsable à Paris des achats pour la province du Haut-Danube. Ce fonctionnaire allemand est à l'origine d'une affaire de fausses exemptions d'étoile jaune. La seule connue à ce jour. (1)
Les représentants Maximilian Steiner et Otto Kohn, ne pouvant travailler pour lui en portant l'étoile, Wilberger demandera une double exemption qui lui sera refusée.
Interrogé le 28 mai 1943, il déclare : " Je conviens que j'ai passé sous silence que les Juifs en question étaient à mon service en qualité d'acheteurs. L'Obersturmführer Röthke me déclara qu'il ne lui était pas possible d'établir un tel certificat, mais qu'il me conseillait d'en établir un moi-même et de lui donner un coup de téléphone en cas de difficulté ". (2)

Compte tenu du soutien de sa hiérarchie, Wilberger explique comment il a établi un faux : " La dessus, j'utilisai deux formulaires en blanc, revêtus du cachet de l'Ambassade d'Allemagne et j'établis les deux certificats en question aux deux Juifs. Je signai les certificats de ma propre main ".
C'était sans compter sur la procédure lancée contre Wilberger qui rebondira le 11 février 1944, lorsque Knochen, le chef de la SIPO, est sollicité d'agir par l'Office central pour la sécurité du Reich, dans un courrier signé Adolf Eichman. On lui demande de vérifier si les deux certificats ont bien été établis avec l'accord du service IV B du SD. (3)
Dans l'exposé des faits reprochés à Wilberger, il est noté : " Au début, la façon dont il s'acquittait de sa tâche n'avait rien de répréhensible. Il a été constaté par la suite qu'il se faisait aider dans son activité par deux Juifs intégraux "Volljuden" dont l'appartenance à la race juive lui était connue. Leurs relations finirent par devenir telles qu'il tomba complètement sous leur influence.
Il échappa à son contrôle combien d'argent les Juifs gagnaient sur ces affaires et, partant, au contrôle de ceux qui l'avaient chargé de sa mission. 

Afin que les Juifs n'aient pas d'ennuis lors de l'exercice de leur activité, Wilberger leur établit personnellement les certificats, les exemptant du port de l'étoile Juive ".
Le rapport insiste sur le fait que Wilberger se procura
les formulaires nécessaires à l'insu du conseiller Bodo, de l'Ambassade d'Allemagne à Paris, dans son bureau.
Wilberger remettra ses faux certificats le 3 avril 1943, pour l'anniversaire d'Otto Kohn - né le 3 avril 1896 à Teplitz-Schönau - en lui faisant remarquer que c'était son " plus beau cadeau ".
Il sera déporté par le convoi n° 57 au départ de Drancy le 18 juillet 1943.
Le rapport "charge" Wilberger, en lui reprochant d'être " entré en relations intime avec la Française Erna Salamon , sa cadette de 30 ans. Il en fit sa secrétaire et confia toutes ses affaires à cette dernière et aux deux Juifs ".
Le 8 mars 1944, Röthke apportera un démenti aux déclarations de Wilberger :
" En janvier ou février 1943, Wilberger est venu un jour chez moi et m'a prié d'exempter les deux Juifs Kohn et Steiner du port de l'étoile (...) Je me souviens que Wilberger avait déjà préparé le texte de ces certificats d'exemption et qu'au cours de notre conversations il avait posé la question de savoir à quels moments il fallait que les Juifs portent l'étoile et à quels moments cela n'était pas nécessaire.
J'ai dit alors à Wilberger que les Juifs devraient toujours porter l'étoile dès qu'ils entraient en contact avec d'autres personnes
".

Qui croire ? Wilberger le subalterne ou Röthke, le chef ?
La conclusion de ce dernier sera sans appel : " Si Wilberger a néanmoins établi de sa propre autorité des certificats d'exemption au port de l'étoile pour les deux Juifs, alors que les données juridiques du problème lui eussent été exposées clairement, cela constitue une calomnie et une usurpation de pouvoir ". (4)
Pour ces faits, Wilberger se retrouvera emprisonné à la prison de Linz, en Autriche.


(1) La NSKK ou Nationalsozialistisches Kraftfahrkorps était le corps motorisé du NSDAP . 
(2) CDJC-XXVa-162 Quatre documents, du 30 mai 1943 au 8 mars 1944.
(3) CDJC-XXVa-181 Attestation d'exemption du port de l'étoile jaune du 3 avril 1943 accordé à Otto Kohn.
CDJC-XXVa-205 Attestation d'exemption du port de l'étoile jaune illimitée faite par le NSKK-Hauptsturmführer J. Wilberger et accordée à Maximilian Steiner.
L'attestation contient aussi la mention " cette attestation est confirmée par le SS-Obersturmführer Röthke du service IV B de la Sipo-SD France à Paris ".

(4) CDJC-XXVa-162 Quatre documents, datés du 30 mai 1943 au 8 mars 1944, dont la réponse de Röthke au SS-Obersturmführer Dr Schmidt.

vendredi 9 novembre 2012

Point de vue critique sur "L'étoile jaune et le croissant"

Nous avons évoqué ici le 6 octobre dernier, la sortie du livre de Mohammed Aïssaoui, " L'étoile jaune et le croissant ", chez Gallimard, qui figure actuellement parmi les meilleures ventes.
Un livre de journaliste, écrivions nous, plutôt que d'historien.
Une critique en règle vient d'être postée  sur le site de l'association Etudes coloniales par Michel Renard, un fin connaisseur de l'histoire de la Mosquée de Paris.
Il estime que, finalement, Aïssaoui n'apporte pas d'éléments vraiment nouveaux.
Michel Renard, ancien directeur de l'ex-revue Islam de France est professeur d'histoire au lycée de Saint-Chamond (Loire) et chercheur. Il est le co-auteur de "L'histoire de l'islam et des musulmans en France" (Albin Michel, 2006).