vendredi 27 novembre 2015

L'étoile de la baronne Girot de Langlade : une erreur historique à corriger


La baronne Girot de Langlade devant son château, à Cuts (Oise) - photo collection particulière E. de Langlade

Dans la nouvelle édition de "Vichy et les Juifs", parue en octobre 2015 chez Calmann-Lévy, les historiens américains Michaël R. Marrus et Robert O. Paxton, reproduisent à nouveau une erreur historique, concernant l'exemption d'étoile jaune de Mme Girot de Langlade, née Stern.

En un peu plus de trente ans, "Vichy et les Juifs" est devenu un incontestable ouvrage de référence, abondamment cité et reproduit.   

Inévitablement, cette "Bible" contient des erreurs qui n'enlèvent rien à sa pertinence générale. Une somme de recherches éclairant d'un jour nouveau le rôle de Vichy dans le processus nazi de la "Solution finale".  

Mais la finalité de la recherche historique ne vise-t-elle pas à lever les incertitudes, à éclaircir les zones d'ombre ?

S'agissant du cas précis de Mme Lucie Girot de Langlade, nous allons tenter de démontrer comment une approximation d'historiens est devenue au fil du temps, une véritable erreur historique qui mérite d'être corrigée.


A la page 344 de leur nouvelle livraison, Marrus et Paxton indiquent que le maréchal Pétain " souhaitait des dérogations pour trois femmes : la comtesse d'Aramon, la marquise de Chasseloup-Laubat et sa soeur, Mme Pierre Girot de Langlade ". 
Toutes trois sont des amies de Philippe Pétain et son épouse Annie.

La première, Suzanne Sauvan d'Aramon (1887-1956) est la fille du banquier Edgar-Salomon Stern (1854-1937) et Marguerite Fould, sa cousine. Elle est l'épouse de Bertrand Sauvan d'Aramon (1876-1949)
Ce député du 15e arrondissement de Paris vota les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940. 
Les deux suivantes sont les filles du banquier Louis-Antoine Stern (1840-1900) et d'Ernesta de Hierschel (1854-1926), plus connue sous son nom de plume Maria Star, qui tenait un salon littéraire réputé, chez elle, au 68 rue du Faubourg Saint-Honoré. Les deux banquiers sont cousins.

La référence citée est double : la lettre du 3 juillet 1942 de Bernard Ménétrel, secrétaire particulier de Pétain (Archives Nationales F60 1 485) et l'ouvrage référence "L'Etoile Jaune" de l'historien Léon Poliakov, paru en 1949 et réédité en 1999 (page 62). 
Page 345, les historiens soulignent : " Les Allemands considérèrent avec froideur ces requêtes ainsi que plusieurs autres. Ils accordèrent une poignée d'exemptions provisoires (parmi lesquelles les trois amies de Pétain, Mme de Brinon et la veuve d'Henri Bergson), mais refusèrent en général d'accueillir favorablement de telles demandes ".
En dépit des très nombreux enrichissements apportés à leur nouvelle édition, Marrus et Paxton n'ont rien rajouté au chapitre des exemptions. Les passages concernés de la première édition de "Vichy et les Juifs", parue en 1981, sont reproduits à l'identique.

Ménétrel, dans sa lettre, transmettra effectivement à de Brinon deux demandes précises en faveur des filles du baron Stern.
Il écrit : " Le Maréchal a été heureux de savoir que sa demande avait été prise en considération et il a été sensible à la réponse qui lui a été faite.
Vous voudrez bien, je vous prie, en son nom remercier les Autorités Allemandes de leur compréhension.
Vous pourrez faire savoir que les dérogations ne peuvent être, dans l'esprit du Maréchal, que tout à fait individuelles et qu'elles ne seront dictées que par des considérations d'ordre familial.
Ainsi que vous me l'avez demandé, voici quelques renseignements concernant les deux demandes qui ont été formulées verbalement pour :
1) Mme de Chasseloup-Laubat,
2) Mme de Langlade, née Lucie Stern, soeur de la Marquise de Chasseloup-Laubat.
(...)

Je pense qu'à ces demandes pourrait être jointe celle de Mme la Générale Billotte, dont je vous avais adressé la lettre reçue par le Maréchal, ainsi que copie de la réponse que je lui ai faite ".
Née Catherine Nathan (1883-1965), fille de Ezra Nathan et Rebecca Finkelstein, la générale Billotte n'obtiendra pas d'exemption. 
Elle était la veuve depuis mai 1940 du général Gaston Billotte, gouverneur militaire de Paris de 1937 à 1939.

Léon Poliakov, premier historien à avoir travaillé sur le fonds d'archives de la Gestapo - conservé au Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) du Mémorial de la Shoah -, se voulait prudent.
Dans son livre "L'Etoile Jaune", écrit en 1949, il cite seulement  deux exemptions : la comtesse d'Aramon, la marquise de Chasseloup-Laubat et "un troisième cas que nous n'avons pas pu identifier ". Une inconnue qui perdurera.

En 1979, le journaliste-historien Henri Amouroux, dans " La vie des français sous l'Occupation " (Fayard), pages 382 et 383, confirme ce doute et se limite à nommer deux cas sur trois  : " Avec Mme de Brinon sont également exemptées trois personnes (dont la comtesse d'Aramon et la marquise de Chasseloup-Laubat), en faveur desquelles le maréchal Pétain est intervenu le 12 juin 1942 ".

En 1985, l'historien Maurice Rajsfus dans "La police de Vichy" (Le Cherche Midi), au chapitre de la police française et l'étoile jaune, parle "d'un certain nombre de dérogations au port de l'étoile jaune" et cite (page 109) celles accordées à Mme de Brinon, à la comtesse d'Aramon et à la marquise de Chasseloup-Laubat, en citant les sources documentaires respectives (CDJC-XXVa 174 et 175). 
Mais en 2002, dans son livre "Opération Etoile Jaune" (Le Cherche Midi), Rajsfus introduit nommément une troisième personne : à la page 74, outre les exemptions accordées à Mme de Brinon, la comtesse d'Aramon, et la marquise de Chasseloup-Laubat, il rajoute Mme Pierre Girot de Langlade, déjà citée en 1981 par Marrus et Paxton.
Sa source mentionne une série de documents du CDJC sur les exemptions, des cotes XXVa-164 à 206.
Le premier document
est la note du 25 août 1942, signée Röthke (l'adjoint de Dannecker, chef à Paris, de la section IV J de la Gestapo), qui fait état de 26 exemptions.
Outre Mme de Brinon, citée en premier, est indiqué sans précision nominative " trois exemptions sollicitées par le maréchal Pétain ".
Le dernier document (CDJC-XXVa-206a) date du 1er juin 1943.
A la lettre signée par Hagen, chef d'état major de la SS, adressé à Fernand de Brinon, l'ambassadeur de Vichy à Paris, sont joints les trois certificats de Mme de Brinon, de la marquise de Chasseloup-Laubat et de la comtesse d'Aramon.
Des certificats valables jusqu'au 31 août 1943.
Les autres documents concernent diverses exemptions "pour motifs économiques", "des juifs travaillant avec la police anti-juive", le contre-espionnage, et une série de mesures individuelles.
Concernant la veuve de Bergson - qui d'après Marrus et Paxton bénéficia d'une exemption alors qu'il s'agissait d'une proposition, restée sans suite, comme pour Maurice Goudeket, le mari de l'écrivain Colette. (document CDJC-XLIXa-91b)

Au final, aucun document du fonds de la Gestapo, ne contient l'exemption prévue pour Mme Girot de Langlade. 

Bernard de Langlade :
" les historiens ont
recopié l'erreur "

Transformé en hôpital militaire en 1914, le château de Cuts a été incendié en 1917. Il sera reconstruit en 1926
Le maréchal Pétain connaissait bien la baronne Girot de Langlade, qui l'invitait aux chasses organisées dans son château de Cuts (Oise). Ce département n'avait pas de secret pour Pétain car il installa son quartier général en 1916 à Noailles, et le Grand Quartier Général à Compiègne d'avril 1917 à mars 1918. 
Le château, transformé en hôpital militaire en 1914, brûla pendant la guerre, en 1917
Pétain fréquentait aussi le domicile parisien de la famille, 10 rue Léonard-de-Vinci, dans le 16e.
Lorsque le 16 mai 1940, Pétain, ambassadeur de France en Espagne, rentre à Paris à la demande du président du conseil Paul Reynaud, il voyage dans le même train que Mme de Langlade, qui se trouvait alors en villégiature à Biarritz.
Courrier de l'Oise du 19 juin 1927
Pétain fut également le témoin de mariage de Yolande de Chasseloup-Laubat, fille de la marquise, mariée le 8 juin 1927 à Fernand de Seroux. (lire ci-contre la coupure de presse)

Lucie Ernesta Henriette Stern, née à Paris le 20 octobre 1882, s'était convertie au catholicisme en 1911, sept ans après son mariage, le 9 avril 1904, avec le baron Pierre Girot de Langlade (1869-1931), dont elle aura un fils, Louis, en 1905. Il est décédé en 1982.
Présidente de la Croix-Rouge de l'Oise, membre de plusieurs oeuvres sociales, elle monta même un dispensaire.
Mme Girot de Langlade était une habituée des salons de la préfecture, et se croyait à l'abri du danger.
Son petit-fils, Bernard, 77 ans, se souvient très bien de l'avoir vue arborant son étoile : 
" Tout le monde lui avait dit de partir mais elle ne voyait aucune raison de le faire. Le matin de son arrestation, nous avions fait une promenade ensemble. J'avais alors six ans." 
A propos de son exemption d'étoile, il estime que les historiens " n'ont fait que recopier une erreur historique. Elle a aussi été entretenue en 2005, par le roman "Lutétia", de Pierre Assouline. J'ai écrit à Robert Paxton pour lui dire que ma grand-mère n'a jamais bénéficié d'exemption d'étoile. Il s'est déclaré "ennuyé" dans sa réponse, mais l'erreur a été reproduite à nouveau " (NDLR : "Lutétia", p. 266, éditions Gallimard).

L'arrestation 

Le 3 janvier 1944, à l'heure du repas, des allemands se présentent au château de Cuts. 
Bernard de Langlade se souvient : " J'étais avec mes trois frères et ma mère. Quand elle s'est levée, ils lui ont dit : ce n'est pas vous ! Elle les a conduits à ma grand-mère qui habitait à trois cents mètres. On lui demanda de rassembler des affaires ". 
Mme Girot de Langlade monta à bord d'un camion bâché, qui n'était pas gardé. Elle sera dirigée sur Noyon.
" Elle n'avait pas conscience de ce qui se passait et pensait qu'il s'agissait d'une simple vérification d'identité " estime Bernard de Langlade.
Le reçu d'internement à Drancy
Le 4 janvier, elle passa la nuit à Royallieu avant d'être transférée à Drancy, le lendemain.
Le reçu administratif du camp, signé du chef de la police, porte le matricule 10757 et la baronne déposa la somme de 4.025 F.

Girot au lieu de Langlade

Malgré les réclamations de sa famille pendant la quinzaine de jours qui sépareront son arrestation de sa déportation, et des renseignements transmis par une infirmière de la Croix-Rouge, la baronne ne sera pas libérée. 
Aujourd'hui encore, sa famille estime que ce refus est lié à une confusion de nom. 
Enregistrée sous le simple patronyme Langlade, les démarches concernaient une dame...Girot.
Le 20 janvier 1944, elle fera partie du convoi n°66 pour Auschwitz où se trouvait aussi la soeur de Max Jacob, Myrté-Léa, le champion olympique de natation Albert Nakache, sa femme Paule et sa fille Annie, les parents du résistant Raymond Aubrac.

Madame Girot de Langlade périra dans la chambre à gaz le 24 janvier 1944.
Un certificat, établi le 25 juillet 1945, par le bureau des fichiers des déportés politiques stipule bien Madame de Langlade, née Stern, " n'est pas rentrée " de déportation...
Un autre certificat, du Ministère des anciens combattants et victimes de guerre, établi au nom de Madame Girot de Langlade, confirme sa "présomption de décès". 
Soixante et onze ans après les faits, son petit-fils tente une explication à l'arrestation de sa grand-mère : " Sa soeur, la marquise de Chasseloup-Laubat n'a pas été inquiétée. Les allemands ont profité du fait que ma grand-mère était veuve depuis 1931. Elle était plus vulnérable ".  

Thierry Noël-Guitelman

jeudi 5 novembre 2015

"Le Fils de Saul" : la dignité humaine contre la barbarie

Géza Rörig interprète le rôle de Saul Ausländer dans "Le Fils de Saul" du hongrois László Nemes
Allez voir « Le Fils de Saul », du hongrois László Nemes, grand prix du jury à Cannes !
Ce film - qui atomise au passage les partisans du « détail » - oppose la barbarie mortifère à l’humanité d’un père.
Auschwitz, été 1944 : 12.000 Juifs, hommes, femmes et enfants sont assassinés chaque jour...
Saul Ausländer - interprété par Géza Rörig - est membre du Sonderkommando qui participe à l’extermination massive : forcer les déportés à se déshabiller, les pousser vers la « douche » des chambres à gaz, avec la fausse promesse d’un thé chaud et d’un travail, puis une fois gazés, déverser les monceaux de cadavres dans les fours crématoires...
Saul croit reconnaître son fils qui, au sortir de la chambre à gaz respire encore malgré le Zyklon B. Un allemand l’étouffera avec ses mains...
Saul n’aura plus alors qu’une seule idée en tête : lui éviter le four pour l’enterrer dignement avec le kaddish d’un rabbin. Un projet individuel complètement fou alors que le commando prépare une révolte collective.
Nemes ne cherche pas à montrer l’inmontrable crime de la Shoah.
Caméra aimantée au personnage, arrière-plans flous empêchant toute impudeur. L’horreur n’est que suggérée, l’image incomplète renforcée par les sons, les cris des victimes, le tambourinement des mains affolées contre les portes, les vocifèrements nazis. On imagine l’odeur, on assiste à peine à l’horreur...
Le prochain convoi arrive déjà, il faut nettoyer et quand les crématoires saturent, les fosses se remplissent, une balle dans la tête pour accélérer le mouvement.
Saul réussira à cacher son fils avec la complicité du médecin du camp, part à la recherche d’un rabbin, en trouve un qui meurt, croit en trouver un second…
Saul portera le cadavre de son fils mais l’histoire trébuche dans la course vers la liberté. Pas de « happy end » ?
En fait, « Le fils de Saul » magnifie la dignité humaine, une bouée fragile dans l’océan de la mort. Les morts-vivants ont su résister !
Un message universel tellement vrai dans le contexte actuel, qu'il s'agisse du réchauffement climatique ou des fous de DAESH...

mercredi 14 octobre 2015

Marrus et Paxton : Vichy n'a pas épargné les Juifs français

Trente-quatre ans après la publication de "Vichy et les Juifs", les historiens canadien et américain Michael Marrus et Robert Paxton publient aujourd'hui chez Calmann-Lévy, une nouvelle édition de leur célèbre ouvrage.


Cette nouvelle édition bat en brèche l’idée trop répandue que la survie de 75 % des Juifs de France est un résultat heureux, en partie attribuable à Vichy qui aurait sacrifié les Juifs étrangers pour épargner les Juifs français.

Les deux universitaires nord-américains démontrent, documents à l'appui, que "proportionnellement", la déportation des Juifs a été plus importante en France que dans les autres pays occupés, voire qu'en Italie fasciste.
"Sans la participation du régime de Vichy, sans la livraison aux Allemands de 10.000 Juifs étrangers en zone non occupée, sans la participation de la police française aux arrestations, sans l'action des individus (dénonciateurs, acheteurs de biens juifs aryanisés), sans tous ces éléments, le bilan aurait été moins lourd", insiste Robert Paxton dans une interview à l'Agence France Presse.
Le livre dénonce l'idée que Vichy aurait essayé d'épargner les Juifs anciennement établis en France. "S'il est vrai qu'en 1942 (après l'invasion de la zone libre), Vichy a des velléités de reporter un peu le départ de ses citoyens juifs, c'est trop tard et trop peu", dit Robert Paxton.
Critiqués en 1981 pour avoir souligné le soutien d'une grande partie des Français aux lois raciales de Vichy, les deux auteurs ne manquent pas de rendre hommage "aux Français anonymes et admirables" qui ont apporté leur aide aux Juifs persécutés. Le livre leur est dédié.

Une réponse à Zemmour

Cette nouvelle contribution des historiens permet de répondre de manière incontestable à Eric Zemmour. L'éditorialiste-polémiste, tentait d'expliquer dans son livre "Le suicide français", paru en octobre 2014, que Pétain avait sauvé les Juifs français !
Marrus et Paxton rappellent dans leur nouvelle préface que "le bilan final - la perte de 25% de Juifs vivant en France, y compris 15% des citoyens juifs de France, dont de nombreux enfants - est plus lourd qu'il ne l'aurait été sans la participation de l'administration et de certains citoyens français ".
Faut-il rappeler que le statut des juifs, voulu par Pétain excluaient les Juifs des services publics, instaurait des quotas à l’université ; la loi du 22 juillet 1941 décidait l’aryanisation des biens juifs... tous ces textes ne faisaient aucune distinction entre juifs français et juifs étrangers.
Faut-il rappeler que la police française était en première ligne de la rafle du Vel d'Hiv ?
Finalement, Pétain n'aura protégé que quelques Juifs français "amis" en demandant des "exemptions" de l'étoile jaune aux allemands, sans condamner par ailleurs cet insigne infamant.
Le 25 août1942, Heinz Röthke, chef du service juif de la SS, officialisa une unique liste de 26 exemptés

En tête, se trouvait Jeanne-Louise de Brinon, née Franck, épouse de Fernand de Brinon, ambassadeur de Pétain auprès des allemands, et les filles du baron Louis Stern : Marie-Louise de Chasseloup-Laubat et Lucie Girot de Langlade (qui finalement n'obtiendra pas son exemption et sera arrêtée et déportée en janvier 1944).
S'ajoutera la comtesse Suzanne Sauvan d'Aramon, épouse de Bertrand Sauvan d'Aramon, député de Paris qui vota les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940.
Les autres exemptés sont des "rouages économiques" pour faire tourner l'industrie aux mains de l'occupant, et des Juifs au service de la police anti-juive...


dimanche 4 octobre 2015

La famille Klapisch n'a pas porté l'étoile jaune

Des saumons et harengs fumés réputés
Le grand-père paternel du cinéaste Eric Klapisch, Salomon Klapisch, dit Solly, et son épouse Blima Lax, n'ont pas porté l'étoile jaune. Ils avaient aussi refusé de se faire recenser comme juifs.

Joseph et David, les deux frères de Solly, ont été arrêtés et déportés. Seul, David, reviendra de déportation.

Solly, Blima et plusieurs membres de la famille s’étaient réfugiés à Aix-les-Bains, en zone d’occupation italienne, où Solly entra en contact avec un réseau de policiers gaullistes qui fabriquaient des faux papiers.
Le beau-père de Solly, Jakob Lax, industriel en fourrures, refusa de rejoindre la famille.
Arrêté par la police française, interné à Drancy, il sera déporté à Auschwitz et gazé à son arrivée le 16 novembre 1942.
Lorsque les Allemands envahissent la région d’Aix-les-Bains, Solly est prévenu qu’il est sur une liste noire...
La famille part se réfugier à Montbrison (Loire), sous le nom de Clapier, jusqu’à la Libération.
Solly et Blima ont eu quatre enfants : Liliane Klapisch, artiste-peintre (elle épousa le philosophe franco-israélien Stéphane Mosès), Robert Klapisch, le père de Cédric, Fernand et Marcel.
Cachés à Trévignin (Savoie), ils se trouvaient avec d'autres enfants Juifs dans une maison d'enfants dirigée par les soeurs Francia et Louise Labioz-Lamberlin, qui ont reçu en 2010 le titre de Justes devant les Nations pour leurs actions de sauvetage. (voir ici la fiche de Yad Vashem)

La famille Klapisch, venue de Pologne, était arrivée à Paris en 1913.
En 1919, Mordechai, l'aïeul, avec ses trois fils ainés, Harry, David et Joseph, fonda à Décines, près de Lyon, la société Klapisch et ses fils, spécialisée dans la production et la commercialisation du saumon et du hareng fumé.
En 1921, l’entreprise s’installera à Cachan, en banlieue sud de Paris.
Brillant physicien des particules, Robert a été directeur de la recherche au CERN, où il dirigea le programme qui aboutira à l’attribution du prix Nobel de physique en 1984. Marié d'abord à la psychanalyste Françoise Meyer (la mère de Cédric), il épousa en secondes noces Christiane Zuber, directrice d'études au Centre de recherches historiques.

Cédric Klapisch et sa mère
devant l'album familial
Cédric Klapisch a raconté l'histoire de ses grands-parents maternels, Raymonde et Robert Meyer,  dans un court-métrage, réalisé en 2014 : "Mon livre d'histoire".
(Voir la bande annonce ICI)
Un film qui part de l'inauguration d'une plaque commémorative à Montélimar, le 28 août 2013, au n° 7 de la rue Chabaud, où les époux Meyer furent arrêtés. 
La mère du réalisateur a accepté que son fils ouvre le livre après un travail de deuil de 70 ans, car elle se disait pendant longtemps qu'elle reverrait ses parents un jour...
Au service de l'Armée secrète, ils furent arrêtés le 11 octobre 1943 à Montélimar, et seront déportés à Auschwitz où ils mourront.

mardi 22 septembre 2015

L'histoire vraie de Francine Christophe


Le 12 septembre dernier, le photographe Yann Arthus-Bertrand a dévoilé son film "Human". Parmi les témoignages recueillis, on retrouve celui de Francine Christophe, survivante des camps de concentration. Elle raconte son miracle du carré de chocolat au camp de Bergen-Belsen.


Francine Christophe, née le 18 août 1933, a été internée au camp de Drancy avant d'être déportée le 2 mai 1944 avec d’autres femmes et enfants de prisonniers de guerre français, juifs. Ce statut, prévu par les Conventions de Genève, la sauvera.
Elle n'ira pas à Auschwitz mais au Camp de l’Etoile, dans le camp de Bergen-Belsen.
Évacuée du camp en avril 1945, elle sera libérée par les troupes britanniques.

jeudi 23 juillet 2015

"La Femme au tableau" : l'honneur retrouvé de la famille Bloch-Bauer

Adèle Bloch-Bauer : le tableau de Gustav Klimt volé par les nazis sera finalement restitué à la famille grâce à la ténacité de Maria Altmann et du jeune avocat Randol Shoenberg
Sorti sur les écrans français le 15 juillet dernier, "La Femme au tableau" (*) nous plonge au coeur d'une Autriche divisée entre l'oubli et la volonté de rendre justice aux victimes juives de la période nazie.
Ce film britannico-américain, réalisé par Simon Curtis, retrace la véritable histoire de Maria Altmann, une autrichienne juive réfugiée aux États-Unis peu avant la Seconde Guerre mondiale. Soixante-cinq ans plus tard, elle décide de se battre pour récupérer auprès du gouvernement autrichien les peintures de Gustav Klimt que sa famille possédait. Confisquées par les nazis, elles étaient accrochées depuis aux cimaises du musée du Belvédère. Véritable icône de beauté, le portrait de sa tante, Adèle Bloch-Bauer, comptait parmi les fiertés de l'art autrichien...
S'engage alors une bataille juridique exaltante, grâce au talent de Helen Mirren - qui incarne Maria Altmann -. Menant une vie tranquille depuis cinquante ans dans sa boutique de modiste, elle avait oublié son passé jusqu'à la mort de sa soeur. C'est en triant ses papiers, qu'elle décide alors de se lancer dans un combat digne de David et Goliath pour recouvrer la propriété des tableaux spoliés.
N'ayant pas la fortune nécessaire pour s'entourer des meilleurs avocats, elle fait appel au jeune débutant Randol Schoenberg, interprété par l'excellent Ryan Reynolds. Entre un poste dans un grand cabinet et la nécessité d'honorer ses origines juives, il s'engage aussi dans cette aventure où s'accumuleront les pires obstacles.
Le portrait d'Adèle sera finalement restitué à la famille Bloch-Bauer et sera racheté pour 135 millions de dollars en juin 2006, par le milliardaire Ronald Lauder. Il est exposé désormais à la Neue Galerie à New-York.
(*) Durée : 107 minutes

NB - Ce film s'inscrit dans la même thématique que "The Monuments Men", sorti en 2014.
Signalons aussi le film "L'Antiquaire", de François Margolin, sorti en 2015. Avec Michel Bouquet, François Berléand, Robert Hirsch et Anna Sigalevitch.
Synopsis : la jeune journaliste française Esther Stegmann découvre par hasard l'existence d'un tableau du peintre Jacques-Laurent Agasse (1767-1849) ayant appartenu à sa famille avant la guerre. Elle se lance dans une l'enquête pour comprendre les dessous de ce secret de famille.
Le film s'inspire d'un fait réel : la recherche par Sophie Seligmann des biens de son grand-père Jean-Albert Seligmann, né en 1903, fusillé au Mont-Valérien le 15 décembre 1941.

mercredi 1 avril 2015

Disparition de Nita Raya à 99 ans

La face cachée de l'étoile jaune : Disparition de Nita Raya à 99 ans: Nita Raya (studio Harcourt) Nita Ray a  été inhumée le 30 mars 2015, dans l'intimité familiale à Kermaria-Sulard (Côtes d'Armor...