mardi 18 août 2020

Une démarche en faveur de la veuve de Fernand Widal


Fernand Widal (Banque d'images de la Bibliothèque interuniversitaire de Santé)

Alors que les hautes instances médicales seront particulièrement compromises dans la Collaboration en appliquant sans protester le numerus clausus excluant les médecins juifs, les professeurs René Leriche et Lemierre, président et vice-président de l'Ordre des médecins, adresseront en juin 1942, au Commissariat Général aux Questions Juives, une demande d'exemption de l'étoile jaune en faveur de Mme Widal. (1)

Née Sarah-Marcelle Ulmann, elle est la veuve du célèbre Fernand Widal (1862-1929). Académicien de médecine, professeur de pathologie interne et de clinique médicale, spécialiste des maladies infectieuses, hépatiques, cardiaques et du système nerveux, Widal identifia le bacille de la dysenterie, diagnostiqua la fièvre typhoïde dès 1896 et mettra au point un vaccin. 

Le courrier rappelle que Widal a été " le conseiller éclairé du gouvernement et le maréchal Pétain l'a compté parmi ses amis ".

Un argument mis en avant pour appuyer la requête qualifiée "d'exception" : 

C'est au nom du corps médical français tout entier, conscient de ce qu'il doit à Fernand Widal, que nous venons solliciter aujourd'hui qu'une mesure d'exception soit prise en faveur de Mme Widal. 

Nous ne doutons pas qu'en intervenant pour obtenir cette mesure d'exception, le Gouvernement ne tienne à montrer que la France, dans son malheur, sait encore honorer la mémoire de ceux qui l'ont loyalement servie et ont contribué à accroître son prestige dans le monde. "


Une réponse sèche de dix lignes indiquera qu'il ne pouvait être donné " une suite favorable ", l'ordonnance allemande " ne prévoyant pas de dérogation ".

Mme Widal décède six mois plus tard, le 22 décembre 1942 à l’âge de 70 ans. 

Son fils unique, Pierre, né en 1909, s'était marié en 1936. 

Le témoin de mariage n’était autre que... Philippe Pétain. (2)


(1) CDJC-CXV-52 Lettre du 25 juin 1942. 

(2) Généanet 


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