Géza Rörig interprète le rôle de Saul Ausländer dans "Le Fils de Saul" du hongrois László Nemes |
Ce film - qui atomise au passage les partisans du « détail » - oppose la barbarie mortifère à l’humanité d’un père.
Auschwitz, été 1944 : 12.000 Juifs, hommes, femmes et enfants sont assassinés chaque jour...
Saul Ausländer - interprété par Géza Rörig - est membre du Sonderkommando qui participe à l’extermination massive : forcer les déportés à se déshabiller, les pousser vers la « douche » des chambres à gaz, avec la fausse promesse d’un thé chaud et d’un travail, puis une fois gazés, déverser les monceaux de cadavres dans les fours crématoires...
Saul croit reconnaître son fils qui, au sortir de la chambre à gaz respire encore malgré le Zyklon B. Un allemand l’étouffera avec ses mains...
Saul n’aura plus alors qu’une seule idée en tête : lui éviter le four pour l’enterrer dignement avec le kaddish d’un rabbin. Un projet individuel complètement fou alors que le commando prépare une révolte collective.
Nemes ne cherche pas à montrer l’inmontrable crime de la Shoah.
Caméra aimantée au personnage, arrière-plans flous empêchant toute impudeur. L’horreur n’est que suggérée, l’image incomplète renforcée par les sons, les cris des victimes, le tambourinement des mains affolées contre les portes, les vocifèrements nazis. On imagine l’odeur, on assiste à peine à l’horreur...
Le prochain convoi arrive déjà, il faut nettoyer et quand les crématoires saturent, les fosses se remplissent, une balle dans la tête pour accélérer le mouvement.
Saul réussira à cacher son fils avec la complicité du médecin du camp, part à la recherche d’un rabbin, en trouve un qui meurt, croit en trouver un second…
Saul portera le cadavre de son fils mais l’histoire trébuche dans la course vers la liberté. Pas de « happy end » ?
En fait, « Le fils de Saul » magnifie la dignité humaine, une bouée fragile dans l’océan de la mort. Les morts-vivants ont su résister !
Un message universel tellement vrai dans le contexte actuel, qu'il s'agisse du réchauffement climatique ou des fous de DAESH...
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