Un parcours à suivre dans la ville de Tours.
La synagogue a fêté son centenaire en 2008. Elle a pu être construite grâce au don du banquier-mécène Daniel Iffla, dit Osiris, issu d’une
famille juive marocaine. Elle est l’œuvre de l’architecte Victor Tondu qui a
également réalisé les synagogues d’Arcachon, Vincennes, Tunis et Lausanne.
Ses vitraux sont signés de Lux-Fournier, peintre-verrier à
Tours au XXe siècle. Depuis 1938, la synagogue était le siège social de
l’association « La Fraternelle Israélite », et l’association
cultuelle existait depuis 1906, conformément à la loi de séparation des églises
et de l’Etat.
Le rabbin Léon Sommer, recruté en 1902, exerça son ministère jusqu’à sa mort en 1937.
Le rabbin Léon Sommer, recruté en 1902, exerça son ministère jusqu’à sa mort en 1937.
En juin 1940, la synagogue fut transformée en dépôt de
paille pour les chevaux et abrita le Parti Populaire Français (PPF), parti politique fascisant.
Elle est monument historique classé depuis 1994.
Le 19 avril 2005, Simone Veil, en présence de
l’ambassadeur d’Israël, inaugure la stèle, installée dans la cour, en hommage
aux 34 Justes d’Indre-et-Loire (42 aujourd’hui).
« Vous avez
sauvé l’honneur de la France et de l’humanité et il était important qu’Israël,
en vous honorant, donne votre exemple au
monde. Vous avez montré qu’il n’y avait pas de banalisation du Mal (…) Vous
êtes ma fierté d’être française car c’est en France que le plus de juifs ont
été sauvés » rappela celle qui était alors la présidente de la Fondation
pour la Mémoire de la Shoah.
A l’engagement des Justes fut associée la mémoire des 236 juifs,
hommes, femmes et enfants, de la communauté de Tours, raflés les 15 et 16
juillet 1942, par la police allemande avec la participation de la police française.
Ils seront enfermés dans les locaux de l'ancienne école
normale de filles à Tours-Nord.
S’ajouteront 700 juifs en transit vers Auschwitz, par le camp de La Lande. Un camp situé à Monts, à 16 km de Tours, à 500 m de la ligne Paris-Bordeaux. Conçu pour un maximum de 500 personnes, il a fonctionné du 30 novembre 1940 à janvier 1944, comptant 23 bâtiments sur 7 Ha. Il a accueilli des réfugiés, provenant de rafles allemandes dans les grandes villes de l’ouest. A partir de novembre 1941, il est entouré d’un triple réseau de fils de fer barbelés. Les gendarmes français y assurent le maintien de l’ordre.
S’ajouteront 700 juifs en transit vers Auschwitz, par le camp de La Lande. Un camp situé à Monts, à 16 km de Tours, à 500 m de la ligne Paris-Bordeaux. Conçu pour un maximum de 500 personnes, il a fonctionné du 30 novembre 1940 à janvier 1944, comptant 23 bâtiments sur 7 Ha. Il a accueilli des réfugiés, provenant de rafles allemandes dans les grandes villes de l’ouest. A partir de novembre 1941, il est entouré d’un triple réseau de fils de fer barbelés. Les gendarmes français y assurent le maintien de l’ordre.
Le 5 janvier 1942, il devient officiellement camp
d’internement pour juifs. Le rabbin Elie Bloch, y assurera le culte, et
coordonnera l’assistance, s’occupant des enfants abandonnés suite à la
déportation de leurs parents.
Le 4 septembre 1942, 422 internés (dont 277 femmes et enfants) sont transférés à Drancy.
Le 4 septembre 1942, 422 internés (dont 277 femmes et enfants) sont transférés à Drancy.
2. RUE DU HALLEBARDIER
Dans la nuit du 5 au 6 février 1942, des Francs-Tireurs et
Partisans qui participaient à une action de sabotage se retrouvent face à une
sentinelle allemande, le soldat
Kopiunik. Grièvement blessé, il meurt le 9 février.
Le préfet promet une prime de 50.000 F à qui donnera des
informations permettant d’arrêter « les terroristes ». 40 otages sont
arrêtés dont 10 communistes et 30 juifs (7 seront déportés à Auschwitz par le
convoi n°2 du 5 juin 1942) sont emprisonnés à la caserne Lassalle.
Au total, vingt-sept personnes seront déportées à Auschwitz.
Au total, vingt-sept personnes seront déportées à Auschwitz.
Parmi ces derniers, David Ziboulsky qui tenait
une bonneterie rue du Commerce. Juif ukrainien, il a été naturalisé français en
1922. Suite aux bombardements de 1940, il vit rue d’Entraigues, et le magasin
est installé dans une barraque en bois, avenue de Grammont.
Non seulement il est juif mais aussi franc-maçon.
Un double motif d’arrestation.
Sa famille ira se réfugier en zone libre, dans le
Beaujolais, et échappera aux arrestations.
La rafle du Vel' d'Hiv s'étendra en province les 15 et 16 juillet.
A Tours, policiers en civil et soldats allemands débarqueront au domicile de familles juives – dont celle des enfants de l'école Mirabeau – puis les autocars convergent vers l'école normale de filles à Saint-Symphorien Le même sort est réservé aux juifs interpellés sur la ligne de démarcation ou détenus (133) au camp de la Lande de Monts.
La rafle du Vel' d'Hiv s'étendra en province les 15 et 16 juillet.
A Tours, policiers en civil et soldats allemands débarqueront au domicile de familles juives – dont celle des enfants de l'école Mirabeau – puis les autocars convergent vers l'école normale de filles à Saint-Symphorien Le même sort est réservé aux juifs interpellés sur la ligne de démarcation ou détenus (133) au camp de la Lande de Monts.
De
1941 à 1943, l’école primaire Michelet a été une prison allemande et un lieu
d’internement pour des familles juives, des résistants et des civils, hommes,
femmes et enfants. L’été 1942, plus de 200 juifs ont été arrêtés en
Indre-et-Loire, le plus souvent sur la ligne de démarcation, parmi eux, plus de
50 enfants de 4 ans à 18 ans.
Depuis
2000, des collégiens de 4e et 3e, accompagnés par des
enseignants convaincus de la nécessité du travail de mémoire, mènent un travail
de recherches historiques afin de redonner aux personnes emprisonnées ici,
une identité, afin que nul n’oublie.
Aucune plaque commémorative n’indique les heures
sombres de ce bel immeuble. Ici, la Gestapo torturait des résistants, sous les
ordres de Georg Brückle (arrêté à Baden-Baden en 1948, il sera condamné à mort
mais en 1954, sa peine est ramenée à 10 ans de réclusion).
Les 32 agents (dont 10 sont allemands) sont aidés
par Clara Knecht, une secrétaire alsacienne, qui sert d’interprète.
Particulièrement sadique, elle faisait baiser son nerf de bœuf par les détenus
avant de l’utiliser. Disparue à la Libération, on n’a jamais retrouvé sa trace.
Egalement traducteur au service de la Gestapo à
partir de septembre 1942, Pierre Wennert, originaire de Moselle. Il intervient
dans des affaires concernant les communistes, les résistants et les juifs.
Arrêté en décembre 1944, il est condamné à mort le 26 juillet 1945 et fusillé
le 3 septembre. Il sera accompagné jusqu’au peloton par l’abbé Labaume,
qu’il avait arrêté et fait déporter en 1943.
Antoine Devaud, indicateur de la Gestapo, sous
les ordres de Wennert, intervient dans les mêmes enquêtes. Condamné à mort en
novembre 1944, il sera fusillé le 19 décembre.
Emile Aron, né au Boulay (Indre-et-Loire) en
1907, est professeur de médecine depuis 1937, après de brillantes études à
Strasbourg. Mobilisé comme médecin-chef en 1939, il est fait prisonnier le 21
juin 1940 en Alsace. Dénoncé comme juif, il n’est pas libéré et réussira à
obtenir un Ausweiss en soignant un sous-officier allemand. Rentré à Tours, il
est exclu de l’hôpital en raison du statut des Juifs de Vichy et est désigné en
premier sur la liste des otages en cas de représailles allemandes.
Juste après l’agression de la rue du Hallebardier, les allemands se présentent chez lui, au 26 rue de Clocheville (au 25 se trouvait l'Institut Allemand). En pyjama, il a tout juste le temps de partir et son épouse Madeleine expliquera qu’il avait été appelé par une urgence médicale. Il ira se réfugier à Buzançais (Indre) avec de faux papiers. Fin décembre 1942, le couple rejoint la Suisse. Emile Aron retrouvera Tours à la Libération le 1er septembre 1944. Ancien conseiller municipal, il est désigné par Michel Debré, Commissaire de la République, pour siéger dans la nouvelle municipalité dirigée par Jean Meunier. En 1947, il devient directeur de l’Ecole de médecine de Tours et sera le premier doyen de la nouvelle faculté de médecine, créée en 1962. Il siégeait à l'Académie nationale de médecine et est décédé fin janvier 2011, à 103 ans.
Juste après l’agression de la rue du Hallebardier, les allemands se présentent chez lui, au 26 rue de Clocheville (au 25 se trouvait l'Institut Allemand). En pyjama, il a tout juste le temps de partir et son épouse Madeleine expliquera qu’il avait été appelé par une urgence médicale. Il ira se réfugier à Buzançais (Indre) avec de faux papiers. Fin décembre 1942, le couple rejoint la Suisse. Emile Aron retrouvera Tours à la Libération le 1er septembre 1944. Ancien conseiller municipal, il est désigné par Michel Debré, Commissaire de la République, pour siéger dans la nouvelle municipalité dirigée par Jean Meunier. En 1947, il devient directeur de l’Ecole de médecine de Tours et sera le premier doyen de la nouvelle faculté de médecine, créée en 1962. Il siégeait à l'Académie nationale de médecine et est décédé fin janvier 2011, à 103 ans.
6. LE LYCEE DESCARTES
RUE DE LA PREFECTURE
RUE DE LA PREFECTURE
La plaque n'est pas visible de l'extérieur |
Georges Mendez, né à Rochecorbon. Il sera déporté
avec ses parents par le convoi n° 68 du 10 février 1944.
Maurice Margules, 20 ans, né à Châteauroux,
habite au 3 rue Chaptal. Déporté avec ses parents par le convoi n°2 du 5 juin
1942.
Paul, 15 ans, et Emmanuel Feuermann, 18 ans. Le
premier est né à Candé, le second à Bucarest. Internes, leurs parents habitent
au Lude (Sarthe). Tous arrêtés, ils sont déportés par le convoi n° 48 du 13
février 1943.
Simon Henigsblit habitait 61 rue du Commerce. Recensé
sous le prénom de Salomon. Sa mère meurt le 11 août 1941. Arrêté avec son père
le 15 juillet 1942, ils sont déportés par le convoi n° 8 du 20 juillet 1942.
Anatole, 16 ans, et Georges Laub, 11 ans. Tous
deux sont nés à Anvers où leur père, venu de Pologne, était négociant en
diamant. La Belgique envahie, ils seront réfugiés en Gironde et arriveront en
juillet 1941 au camp de La Lande. Ils seront autorisés à résider 82 rue
Victor-Hugo, les enfants étant scolarisés à Descartes.
Anatole et sa mère seront déportés par le convoi
n° 8, Georges et son père par le convoi n° 31 du 11 septembre 1942.
Jacques Lévy, 15 ans, avec ses parents, sont des
réfugiés de Metz, arrivés en juin 1940. Son père meurt à Tours le 19 décembre
1941. Arrêté avec sa mère Blanche, alors qu’ils tentaient de franchir la ligne
de démarcation, ils sont envoyés à Pithiviers. Ils seront déportés par le
convoi n° 35 du 21 septembre 1942. Sa grand-mère, meurt à 97 ans, à
Joué-lès-Tours, le 14 février 1945.
Charles Kritzler, 15 ans, est né en Hongrie. Il
est arrivé à Tours avec ses parents vers 1930. Son père est forain, sa mère élève
ses trois enfants ; ils habitent 15 rue Elise-Dreux.
Arrêté dans la rafle du 15 juillet, avec son
frère Claude, 7 ans, et sa sœur Agnès, 9 ans, ils sont détenus à l’Ecole
Normale d’institutrice de Saint-Symphorien. Leurs parents sont emmenés à Angers
et déportés par le convoi n°8. Charles, Agnès et Claude sont emmenés au camp de
La Lande. Le 22 août 1942, Charles demande à être recueilli, en vain, avec son
frère et sa sœur chez une tante à Paris. Le 21 septembre 1942, ils rejoignent
Drancy, et seront déportés le 23 septembre par le convoi n° 36. Ils seront
gazés à leur arrivée.
Edouard Mizrahi, 21 ans, avait été recensé sous
le prénom d’Elie. Il avait deux frères et avait été scolarisé en 1938-1939 à
l’école primaire supérieure Paul-Louis Courier, avant sa classe de philosophie.
Sa famille venait de Smyrne et sa mère était italienne (elle sera arrêtée le 15
juillet 1942). Après la rafle du 9 février 1942, il se réfugie à Châteauroux et
réussira à gagner l’Italie, comme son père. Arrêté comme résistant à Florence
le 1er mai 1944 pour faux papiers, il sera déporté dans les camps
d’Auschwitz, Struthof et Dachau, et survivra.
Suite à l’attentat de la rue du Hallebardier,
Pierre Minne, professeur de philo, soupçonné d’être juif sera arrêté et libéré
au bout de trois jours, mais son épouse, juive, sera livrée à la Gestapo.
Au lycée Balzac, autre grand lycée, un professeur
d’allemand, juive, est rayée des cadres de l’Education nationale, en avril 1943,
suite à un congé sans solde pris à la rentrée 1941. Elle sera réintégrée à la
Libération, avec dédommagement pour les salaires non perçus.
Un autre professeur, agrégée de sciences, mariée
à un non-juif, devra quitter le lycée, et se réfugiera sous un faux nom dans la
famille de son mari.
Une élève sera tuée accidentellement, par un
véhicule allemand, au carrefour de la rue Chanoineau et du boulevard Béranger.
7. SAINT-GATIEN –
ARRESTATION DE LEA KERISIT
ARRESTATION DE LEA KERISIT
Saint-Gatien, juste en face le parvis de la cathédrale |
8. LE LYCEE
PAUL-LOUIS COURIER
PAUL-LOUIS COURIER
Dans l'actuel lycée, la maison dite du Curé |
Quatre étaient de Tours : Elie Mizrahi
(également scolarisé au lycée Descartes en 1940-1941).
Elie Gattegno, né à Bourges en 1924, sa famille
venait de Salonique, en Grèce, et habitait rue Victor-Hugo. Otage, suite à
l’attentat de la rue du Hallebardier du 5 février 1942, ce jeune comptable de
18 ans, est déporté à Auschwitz par le convoi n° 36 du 23 septembre 1942.
Abraham Goldberg, 17 ans, habitait 13 rue de
l’Hôpiteau, près de l’école. Il était ajusteur. Déporté à Auschwitz par le
convoi n° 42 du 6 novembre 1942, avec sa mère et sa grand-mère.
Edouard Leszczynski, 20 ans, venait de La Lande.
Il a pu se cacher et échapper à la déportation.
Quatre venaient de l’est de la France :
Osaias Bienenstock, 14 ans, né à Strasbourg, déporté par le convoi n° 31 le 11
septembre 1942. Sa famille venait de Galicie en Pologne. Expulsée
d’Alsace vers Bordeaux, elle sera internée à La Lande et déportée.
David Pravidlo, né à Varsovie, n’avait pas encore
14 ans. Il est déporté à Auschwitz par le convoi n° 36 du 23 septembre 1942.
Ses parents avaient été employés chez Pierre Massoteau, fermier à Monts,
jusqu’à leur retour au camp de La Lande en septembre 1941.
Joseph Gerszonowicz, 15 ans, né à Szeszerowice
en Pologne. Déporté à Auschwitz par le convoi n° 8 du 20 juillet 1942.
Roger Sobel, 14 ans, né à Metz, vivait à La
Lande, avec ses parents (son père a été ouvrier tôlier au garage de la rue
Origet et sa mère élevait ses trois frères) . Il seront tous déportés à
Auschwitz par le convoi n° 8 du 20 juillet 1942.
Joseph Mizrahi (frère d’Elie, scolarisé à
Descartes), était scolarisé à Paul-Louis Courier de 1934 à 1938. Il poursuivra
sa scolarité au lycée Descartes. Il rejoindra aussi l’Italie, via Issoudun, et
suivra une formation de pilote aux Etats-Unis. Un troisième frère, Edouard,
rejoindra la zone libre en 1941, puis l’Algérie et participera au débarquement
de Provence le 15 août 1944.
Nelly Frankfurt avait été expulsé de Bordeaux,
avec sa famille polonaise, et vivait au camp de La Lande.
A partir de novembre 1941, elle obtient
l’autorisation de suivre des cours de sténographie à l’école Pigier. Son père
avait été directeur commercial chez Massey-Harris à Bordeaux.
Le 31 mai 1942, Nelly adresse une lettre au
général-chef de la Kommandantur de Paris pour demander une exemption de
l’étoile jaune : « Je m’adresse
donc à votre bonté, à vos sentiments humains qui, j’en suis sûre, sont aussi
forts qu’en moi » écrit-elle. Elle n’obtiendra aucune réponse, sera
arrêtée et déportée par le convoi n° 8 du 20 juillet 1942, avec sa mère de 54
ans.
Ce convoi, formé à Angers, comptait 824 juifs, au
lieu des 1000 habituels. Un accord du 2 juillet 1942 assurait le report
temporaire de la déportation des juifs français. Dans le convoi, 288 juifs
venaient de La Lande (132 hommes et 156 femmes). Parmi eux se trouvait
également le Dr Abraham Lettich, 34 ans, domicilié 112 rue Origet, raflé avec
sa femme Edith et leur fils Jean, 5 ans, qui mourront en déportation. Seul rescapé,
il témoignera de son odyssée de « 34 mois dans les camps de
concentration ».
Le soir du 15 juillet 1942, cinq enfants scolarisés
à l’école Mirabeau sont arrêtés : Norbert Kronenberg, 12 ans, né à
Stuttgart, et son petit frère René, 8 ans, né à Strasbourg ; Joseph
Zomersztajn, 12 ans, et ses deux petites sœurs Estelle, 8 ans et Paulette, 5
ans, tous nés à Nancy.
Leurs parents ont quitté la Pologne. Etrangers,
ils sont évacués d’Alsace-Lorraine vers la Gironde.
Tous se retrouvent au camp de La Lande à partir
du 5 décembre 1940.
La famille Kronenberg est autorisée à travailler
à Tours et s’installe au 19 rue Jules Moineaux. La mère Léa s’occupe du foyer,
le père, Chaïm est aide-horloger. Les Zomersztajn, Alta et Liber, s’installent
au 17 de la même rue. Le père est aide-cordonnier. Jacques, le fils aîné, est
apprenti coiffeur, et Maurice, le second, entre à l’école Pigier.
Tous, à l’exception de Chaïm, parti acheter des
cigarettes, au moment de la rafle, seront arrêtés.
Liber est ramené à La Lande avec son aîné. Léa,
Alta et leurs enfants sont enfermés à l’école normale de jeunes filles de
Saint-Symphorien, et transférés à La Lande. Sur place, les familles sont
séparées avec brutalité par les gendarmes français. Hommes, adolescents, femmes
et jeunes filles « aptes au travail » sont envoyés sur Angers, et
seront du convoi n° 8 du 20 juillet 1942.
Les plus jeunes restent au camp… Le 4 septembre,
des internés partent pour Drancy, dont Jacques Zomersztajn, 17 ans. Le 21,
c’est le tour de René, Norbert, Maurice, Joseph, Estelle et Paulette.
Le 23, ils seront 135 de La Lande à partir par le
convoi n° 36 vers Auschwitz. Parmi eux, Arlette et Frédérique Feldman, 1 et 2
ans, nées à Tours, domiciliées 103 rue Lakanal ; Edith Viola, 37 jours,
née à La Lande ; Nicole Mantel, 21 jours, née à La Lande… Mais aussi, Osias Bergman, 5 ans ; Simon
Blady, 8 ans ; Anna et Franja Fiszbin, 10 et 15 ans ; André, Dora et
Yvette Inventarz, 6, 9 et 2 ans ; Léone Ihul, 10 ans ; Céline Koper,
4 ans ; Agnès, Charles et Claude Kritzler, 9 , 15 et 7 ans ; Jean
Lettich, 5 ans ; Fernand et Raymond Mazur, 7 et 2 ans ; Albert, Buena
et Rebecca Nahmias, 9, 12 et 14 ans ; Jacques Rosenbaum, 3 ans ;
Sylvie Rosenthal, 12 ans ; David Rozenzwajg, 12 ans ; Claire, Hélène,
Max Sperling, 13 ans, 20 mois et 13 ans ; Ida Wajnstein, 10 ans ;
Maurice Zomersztajn, 14 ans.
Etaient partis par le convoi n° 31 du 11
septembre 1942 : Isaac et Pierre Dzialoszinski, 5 et 9 ans ; Sylvain
Kozubski, 4 ans ; Georges Laub, 11 ans ; Balcia et Maurice Schandor,
13 et 10 ans ; Ida Wajnsztein, 12 ans.
Par le convoi n° 32 du 14 septembre 1942 :
Cécile, Charles et Fanny Basista, 2, 6 et 10 ans.
D’autres enfants suivront : Abraham et
Jacqueline Goldberg, 17 et 12 ans, dans le convoi n° 42 du 6 novembre
1942 ; Claudette, Ginette, Suzanne Schwimmer, 20 mois, 3 et 4 ans, dans le
convoi n° 45 du 11 novembre 1942 ; Rosa, Salomé, Suzy Alter, 6, 2 et 5
ans, dans le convoi n° 48 du 13 février 1943 ; Achille Herc, 6 ans, dans
le convoi n° 59 du 2 septembre 1943 ; Anny Sussmann, 4 ans, Monique Loew,
10 ans, dans le convoi n° 68 du 10 février 1944 ; Jacqueline Vernet, 15
ans, (seule survivante à la libération d’Auschwitz), Marc Goldrach, 17 ans,
dans le convoi n° 76 du 30 juin 1944 ; Paul Jakubowicz, 6 ans, arrêté à
l’orphelinat de la Varenne Saint-Hilaire, dans le convoi n° 77 du 31 juillet
1944.
Enfin, Ida Yedinak, née le 7 septembre 1942, à la
maternité de Tours, morte à Drancy le 12 mars 1943 à 6 mois.
La plaque commémorative, installée à l'entrée de l'école, sur la rue, a été posée en mai 2008, en présence du maire, du député, de l'inspecteur d'académie, du président de la communauté juive, à l'initiative de l'AREHSVAL. Juste en dessous, une autre plaque rappelle la mémoire de Marcel Rabache, instituteur torturé par la Gestapo, déporté à Buchenwald, où il mourra.
La plaque commémorative, installée à l'entrée de l'école, sur la rue, a été posée en mai 2008, en présence du maire, du député, de l'inspecteur d'académie, du président de la communauté juive, à l'initiative de l'AREHSVAL. Juste en dessous, une autre plaque rappelle la mémoire de Marcel Rabache, instituteur torturé par la Gestapo, déporté à Buchenwald, où il mourra.
11. PETAIN A TOURS
25 OCTOBRE 1940
25 OCTOBRE 1940
L'hôtel de ville accueillait Pétain le 25 octobre 1940 |
Tours devient l’antichambre de cette
collaboration et les Tourangeaux sont massés devant l’hôtel de ville le 25
octobre pour acclamer le vieux militaire venu saluer le maire Ferdinand Morin
avant d’aller visiter les quartiers sinistrés. A son retour de Montoire, Pétain
fera une partie de billard avec le préfet Camille Vernet (en place depuis 1936,
il sera muté dans l’Eure en novembre 1940 et révoqué en 1941).
A Tours, Pétain a sans doute la nostalgie de l’hôtel
de l’Univers, où il était descendu en 1920 comme l’atteste le livre d’or. L’établissement
du boulevard Heurteloup, est réquisitionné par l’armée Allemande depuis juin
1940 : il est à deux pas de la Feldkommandantur 528, installée dans le
palais de justice.
Pétain connaît bien Tours. Le 13 juin 1940, au
château de Cangey, où le conseil des ministres s’est replié, celui qui sera
nommé président du conseil par le président Lebrun, trois jours plus tard,
annonce la nécessité d’un armistice. Une idée qu’il amplifiera à la radio par
son discours du 17 juin : « C’est le cœur
serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat »…
Les combattants croyaient en l’homme
de Verdun. Ainsi, Armand Abraham Reis, né en 1878 dans le Bas-Rhin, à Mutzig, écrit
au maréchal le 18 août 1942 depuis le camp de La Lande où il est interné avec
sa femme : « Comme Juif, je
suis interné dans le camp de la Lande, pour avoir voulu franchir la ligne de
démarcation, sans être porteur de l’insigne (Ndlr : l’étoile jaune), et sans autorisation de déplacement ».
Il rappelle qu’en août 1914, il a eu « le très grand honneur de servir dans votre état-major particulier, ceci
pendant plus de deux ans ». Et il rappelle que son frère, officier d’artillerie,
est mort de maladie contractée au front ; que son beau-père a été
médecin-chef militaire de l’hôpital de Bougival ; que sa sœur était
infirmière-major…
Pour tous ces états de service, il
demande au maréchal d’intervenir en sa faveur… Reis mourra à Auschwitz le 18
février 1943.
SOURCES
Histoire des camps d’internement en
Indre-et-Loire – Sophie Paisot-Béal – Roger Prévost (1993)
Histoire de Tours – David Bohbot, sous la
direction de Bernard Chevalier (Privat, 1985)
Le lycée Balzac (Edition d’un centenaire, 2004)
Le lycée Descartes – Michel Laurencin (Editions
du bicentenaire, 2006)
Le lycée Paul-Louis Courier – sous la direction
de Gilbert Wycke (Allan Sutton, 2009)
Articles de Thierry Noël – La Nouvelle République
du Centre-Ouest (2003-2010)
Histoire régionale de la Shoah en France –
ouvrage collectif sous la direction de Patrick Cabanel et Jacques
Fijalkow (Editions de Paris Max Chaleil, 2011), avec Simon Ostermann, pour Méthodes
d’identification et de répression contre les Juifs dans les départements du
Cher, du Loir-et-Cher, de l’Indre, de l’Indre-et-Loire et du Loiret, 1940-1944.
Remerciements particuliers à Yvette Ferrand, fondatrice de l'AREHSVAL (Association de Recherches et d'Etudes Historiques sur la Shoah en Val de Loire), et à Jacques Pirondeau, de l'ERIL (Etudes sur la Résistance en Indre-et-Loire).
Remerciements particuliers à Yvette Ferrand, fondatrice de l'AREHSVAL (Association de Recherches et d'Etudes Historiques sur la Shoah en Val de Loire), et à Jacques Pirondeau, de l'ERIL (Etudes sur la Résistance en Indre-et-Loire).