vendredi 27 janvier 2012

Max Jacob, le poète à l'étoile jaune, meurt dans la nuit du 4 mars 1944

Né Juif le 12 juillet 1876 à Quimper, converti au catholicisme à 40 ans, Max Jacob - surnommé «  le poète à l’étoile » - meurt d'épuisement à Drancy dans la nuit du 4 au 5 mars 1944.


«  Deux gendarmes sont venus enquêter sur mon sujet, ou plutôt au sujet de mon étoile jaune.
Plusieurs personnes ont eu la charité de me prévenir de cette arrivée soldatesque et j’ai 
revêtu les insignes nécessaires " écrivait Max Jacob dans une lettre à Michel Manoll le
14 août 1942, suite à une première visite de la maréchaussée le 12 juillet 1942, suivie par 
une seconde le 1er octobre 1942.
Le peintre et poète est alors réfugié dans un hôtel de Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), alors qu'il 
fréquente assidument l'Abbaye de Fleury depuis les années vingt, et de manière permanente à partir
de 1936. Cette "vérification" intervient quatre mois après le décès brutal de sa sœur Julie-Delphine, en avril 1942, à Quimper.
Max Jacob en effigie d'une assiette en faïence Henriot de Quimper
Son frère ainé Gaston sera déporté à Auschwitz le 16 février 1943... 
Alors que les persécutions juives sont de plus en plus fortes, Max Jacob refusera toutes les 
offres de ses nombreux amis qui voulaient le faire passer en zone libre, ou lui procurer de faux papiers.

« Les enfants se moquent 
de mon étoile jaune »

Un de ses derniers textes sera un poème en prose «  Amour du prochain » - dédié à son 
ami le poète Jean Rousselot - qu'il avait intitulé initialement "L'Etoile jaune des juifs". 
Il écrivait :  «  Qui a vu le crapaud traverser une rue ?
C’est un tout petit homme, une poupée 
n’est pas plus minuscule. 
Il se traîne sur les genoux : il a honte, on dirait…?
Non ! Il est rhumatisant. Une jambe reste en arrière, il la ramène !
Où va-t-il ainsi ? Il sort de l’égout, pauvre clown. Personne n’a remarqué ce crapaud dans
la rue. Jadis personne ne me remarquait dans la rue, maintenant les enfants se moquent 
de mon étoile jaune.
Heureux crapaud, tu n’as pas l’étoile jaune. »

Dans une lettre, il compare l’étoile à une « étiquette » :
«  Je t’ai expliqué qu’il m’est impossible de voyager avec l’étiquette jaune sans me
livrer aux fantaisies inculpatoires de la police (…)
Vous ne le comprenez pas parce que vous ne savez pas de quelle manière la police
se conduit vis-à-vis de nous : les rafles, etc. Et y aller sans étiquette c’est être en faute,
donc en péril. Ici, je vis comme je veux ».

En janvier 1944, sa plus jeune sœur Myrthé-Léa sera à son tour internée à Drancy 
puis déportée à Auschwitz par le convoi n° 66 du 20 janvier 1944, avant d'être gazée 
cinq jours après son arrivée...

Max Jacob par Modigliani en 1916
Le 24 février 1944, Max Jacob assiste à la messe à 
Saint-Benoît, avant d’être arrêté par la Gestapo en fin de
matinée. 
Il restera quatre jours à la prison d’Orléans.
Envoyé à Drancy le 28 février, il mourra épuisé par une 
pneumonie à l’infirmerie, dans la nuit du 5 au 6 mars 1944.
Sous le matricule n°15872, Max Jacob aurait dû faire partie 
du convoi n°69 pour Auschwitz.
Inhumé dans la fosse commune du cimetière d’Ivry, sa 
dépouille sera transférée à Saint-Benoît en mars 1949.
Il sera déclaré «  Mort pour la France ».

Max Jacob avait été recensé comme juif à la sous-préfecture
de Montargis suite à l'ordonnance allemande du 27 septembre 
1940.
Privé de droits d'auteur à partir de novembre 1940, ses 
oeuvres seront retirées de la vente et pilonnées à partir de 
mai 1943.
Le poète s'était converti au catholicisme en février 1915, avec 
son ami Picasso comme parrain.



> A LIRE : Max Jacob sous l'Occupation dans sa correspondance, par Géraldi Leroy, 
professeur émérite de littérature à l'université d'Orléans. 
Oeuvres complètes éditées chez Quarto 
Biographie : site de l'Association des Amis de Max Jacob et sur Wikipédia

La saga familiale des Jacob

La chronologie des persécutions établie par les Cahiers de Max Jacob

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