Les demandes d'exemption adressées directement au Commissariat général
des questions juives n'avaient aucune chance d'aboutir mais plusieurs réponses
laissent entrevoir un espoir car elles invitent à " prouver ses origines aryennes ".
La formule " jusqu'à détermination de l'appartenance raciale " était utilisée
systématiquement pour confirmer la validité des certificats permettant d'éviter
le port de l'étoile.
Charles Peress s'était vu répondre que les services du CGQJ " ne sont pas compétents "
mais, précise le courrier, " si vous êtes en mesure de prouver vos origines aryennes,
il vous sera loisible de solliciter un certificat de non-appartenance à la race juive
vous permettant de poursuivre des démarches à la préfecture de police en vue de vous
faire rayer des contrôles juifs ".
Et le courrier conclue que " l'UGIF, au fichier de laquelle votre nom figure,
semble susceptible de vous apporter son appui et ses conseils, en cette
occasion ". (1)
Même cas pour Vera Levin, 30 ans, juive allemande, qui obtient une exemption
provisoire de deux mois " afin qu'elle puisse présenter les documents
prouvant son appartenance à la race aryenne ". (2)
Lazare Lévy, 69 ans, né à Twinheim, obtiendra une exemption jusqu'au 31 août 1942
" avec l'obligation de présenter avant cette date les documents prouvant son
appartenance à la race aryenne ". Il sera déporté le 30 juin 1944 par le convoi n°76. (3)
Pour Jean Segal, 45 ans, juif roumain, une autorisation de voyage sera délivrée pour
" se procurer les documents nécessaires concernant son ascendance " . (4)
Anna Oettinger, 61 ans, juive allemande, recevra une lettre de la Sipo SD
la convoquant pour changer ses papiers d'identité. (5)
La notoriété n'empêche pas la fourniture de preuves de son "aryanité" : une enquête
sera lancée sur l'écrivain Georges Simon, plus connu sous le nom de Georges Simenon, qui dut fournir les preuves de sa non-appartenance à la race juive, tout comme sa femme. (6)
Le rapport mentionne qu'il a - souligné en bleu - deux domiciles, à Fontenay-le-Comte en Vendée, et 12 quai Victor-Hugo, avec un "A suivre"...
Le rapport mentionne qu'il a - souligné en bleu - deux domiciles, à Fontenay-le-Comte en Vendée, et 12 quai Victor-Hugo, avec un "A suivre"...
Lucie Moulins, comtesse de Salles, née à Salonique en 1874, mariée
religieusement au lieutenant Gustave Salles en 1903, fera l'objet d'une enquête
raciale. Son père, catholique, fut consul de France et marié à une anglaise
de religion orthodoxe grecque. Pierre Loti, dans " Un jeune officier pauvre "
relata ses funérailles en l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris. (7)
(1) CDJC-XXVIIIa-139 Lettres de 1942 du directeur du contrôle de l'Union générale des israélites de France adressées
à MM. Peress et Behar, au sujet de l'exemption du port de l'étoile.
(2) CDJC-XXVa-187 Certificat d'exemption du 10 décembre 1942.
(3) CDJC-XXVa-188 Certificat d'exemption du 11 juin 1942.
(4) CDJC-XXVa-202 Certificat d'exemption du 24 août 1942.
(5) CDJC-XXVa-196 Lettre du 12 mars 1943.
(6) CDJC-CXV-87.Divers documents du 8 septembre1942 au 16 novembre 1942 de la Police des Questions Juives.
(7) CDJC-CCXXXVIII-124_001 Rapport d'enquête du 19 novembre 1943.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire