La demande d'exemption de l'étoile jaune de Louise Bergson, voulue par Pétain, sera
examinée par les autorités d’occupation le 17 juin 1942, un an et demi après la mort
du prix Nobel de littérature 1927.
Louise aux côtés de Bergson
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Cette réunion, tenue à l'ambassade d'Allemagne à Paris,
réunissait l'ambassadeur Otto Abetz, Rudolph Rahn, et les
SS Zeitschel, Oberg, Knochen et Hagen.
réunissait l'ambassadeur Otto Abetz, Rudolph Rahn, et les
SS Zeitschel, Oberg, Knochen et Hagen.
Ce dernier rédigea dès le 18 juin un rapport qui concernait
aussi le mari de Colette, la femme de l'ambassadeur
de Brinon et le pianiste Konstantinoff, qui travaillait à "Radio
Paris". Aucune décision ne sera prise.
aussi le mari de Colette, la femme de l'ambassadeur
de Brinon et le pianiste Konstantinoff, qui travaillait à "Radio
Paris". Aucune décision ne sera prise.
Le Pr Emile Aron, qui soignait Bergson à Tours, se souvient :
" En tout état de cause, la demande de Pétain ne servait à rien
car dès le printemps 1941, j'avais dit à Mme Bergson de
quitter la France.
car dès le printemps 1941, j'avais dit à Mme Bergson de
quitter la France.
On lui a d'ailleurs fait passer la ligne de démarcation à Bléré,
pour rejoindre la Suisse. Je l'ai revue avec sa fille alors que
j'avais moi-même passé la frontière aidé par la résistance du
Chablais. " (1)
pour rejoindre la Suisse. Je l'ai revue avec sa fille alors que
j'avais moi-même passé la frontière aidé par la résistance du
Chablais. " (1)
Au préalable, Louise avait demandé des laissez-passer, pour
elle et sa fille Jeanne. En effet, les Bergson possédaient une
propriété à Saint-Cergue, en Suisse. (2)
Selon Wladimir d'Ormesson (éditorialiste et ancien
ambassadeur auprès du Saint-Siège), Pierre Brisson, directeur
du quotidien Le Figaro, aurait vu Mme Bergson à Lyon, où le journal s'était replié,
et aurait assuré son départ pour la Suisse.
elle et sa fille Jeanne. En effet, les Bergson possédaient une
propriété à Saint-Cergue, en Suisse. (2)
Selon Wladimir d'Ormesson (éditorialiste et ancien
ambassadeur auprès du Saint-Siège), Pierre Brisson, directeur
du quotidien Le Figaro, aurait vu Mme Bergson à Lyon, où le journal s'était replié,
et aurait assuré son départ pour la Suisse.
Une note du 26 juin 1941, de l'ambassade d'Allemagne à Paris, adressée à la
Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés, indique
" qu'il ne peut être fait droit aux requêtes de Madame et Mlle Bergson, du fait qu'elles
soient juives". (3)
Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés, indique
" qu'il ne peut être fait droit aux requêtes de Madame et Mlle Bergson, du fait qu'elles
soient juives". (3)
Louise Neuburger (1872-1946) avait épousé Bergson en 1892, à tout juste 20 ans. (4)
Bergson avait alors 33 ans.
Cousine de Marcel Proust, par Jeanne Weil, la mère de l’écrivain (5), qui sera garçon
d'honneur de son mariage, Louise n’aura qu’un seul enfant avec le philosophe, Jeanne
(1893-1961). Sourde et muette mais peintre et sculpteur de talent, elle sera l’élève de Bourdelle.
(1893-1961). Sourde et muette mais peintre et sculpteur de talent, elle sera l’élève de Bourdelle.
Bergson, emporté le 4 janvier 1941, à 81 ans, par une congestion pulmonaire, son disciple
Jacques Chevalier, secrétaire d'Etat à l'Education nationale et à la Jeunesse,
adressa un télégramme de condoléances à sa veuve.
Marcel Déat : " un Juif judaïssime "
Une initiative amicale qui lui valut de violentes attaques de Marcel Déat, dans L'Oeuvre,
dénonçant " cet hommage solennel à un Juif judaïssime " (6).
Le télégramme de Chevalier sera approuvé par Pétain mais, le 6 janvier, jour des obsèques,
les Allemands refusent un Ausweiss à Chevalier qui abandonnera ses fonctions
ministérielles le 22 février.
Paul Valéry prononça en sa qualité de secrétaire de l'Académie française, l'éloge funèbre
du "Juif Henri Bergson", ce qui lui vaudra de perdre ce siège mais lorsqu'il meurt
en juillet 1945, le général De Gaulle lui accorde des obsèques nationales.
Le 29 août 1941, Mme Bergson adressera une amicale carte à Paul Valéry
depuis Saint-Jean-de-Luz, ce qui prouve qu'elle se trouvait encore en France à cette époque.
Quant aux amis de Touraine, leur hommage prévu dans le quotidien collaborateur local
La Dépêche du Centre sera refusé par la censure.
Une polémique surviendra sur une supposée conversion au catholicisme de Bergson
mais Louise Bergson publiera un extrait du testament de son mari, rédigé en 1937, où il
dit comprendre le sort réservé aux Juifs :
"Mes réflexions m'ont amené de plus en plus près du catholicisme où je vois
l'achèvement le plus complet du judaïsme. Je me serai converti, si je n'avais vu
se préparer depuis des années la formidable vague d'antisémitisme qui va déferler
sur le monde. J'ai voulu rester parmi ceux qui seront demain des persécutés.
Mais j'espère qu'un prêtre catholique voudra bien, si le cardinal-archevêque de Paris
l'y autorise, venir dire des prières à mes obsèques ".
Pour ses 80 ans, en octobre 1939, Bergson avait improvisé un discours devant ses amis,
réunis dans sa propriété de " La Gaudinière" à Saint-Cyr-sur-Loire, " proclamant sa foi dans la
victoire des nations alliées et surtout le triomphe de l'esprit et de la morale humaine ". (7)
Le philosophe avait refusé d'être dispensé des mesures du statut des Juifs : " Bergson
quitta son lit de douleur, lui qui depuis des années pouvait à peine se mouvoir et, vêtu
d'une robe de chambre et de pantoufles, appuyé au bras d'un de ses proches, il va faire
la queue pour se faire inscrire comme Juif, se voulant plus que jamais solidaire de son
peuple " note sa biographe Raïssa Maritain. (8)
Bergson, enterré au cimetière de Garches (Hauts de Seine), sera rejoint par Louise Bergson,
décédée à Genève le 2 septembre 1946.
(1) Entretien de l'auteur avec le Pr Emile Aron (1907-2011) du 14 août 2006. Lui même, touché par le
statut des juifs, dénoncé par des confrères, interdit d'exercer et pourchassé par la Gestapo, ira se réfugier
en Suisse. Il retrouvera son activité à la Libération et sera élu à l'Académie nationale de médecine
en 1979.
(2) Une maison de campagne, face au Mont-Blanc, « L’Echappée « , entourée de forêts et avec vue sur le lac.
Achevée de construire en 1914, de 1919 à 1930, Bergson y séjourna chaque été. Interdit d’altitude par le médecin, il
villégiatura alors à Nyon, puis à Vevey.
Achevée de construire en 1914, de 1919 à 1930, Bergson y séjourna chaque été. Interdit d’altitude par le médecin, il
villégiatura alors à Nyon, puis à Vevey.
Mais c’est à Saint-Cergue que furent pensées et écrites ses dernières oeuvres, en particulier sa philosophie morale et religieuse.
L‘université de Lausanne souhaita lui décerner le titre de docteur honoris causa en 1939 mais la guerre éclate
et l’auteur de la Pensée et du Mouvant décède à Paris en 1941.
et l’auteur de la Pensée et du Mouvant décède à Paris en 1941.
Le 12 septembre 1959, au cours de la réception offerte par Mlle Jeanne Bergson à « L’Echappée », le représentant de
la municipalité annonça qu’une plaque commémorative serait apposée sur le mur de la villa du philosophe.
(Saint-Cergue et Henri Bergson : Marcel Reymond Revue Historique vaudoise 1959).
la municipalité annonça qu’une plaque commémorative serait apposée sur le mur de la villa du philosophe.
(Saint-Cergue et Henri Bergson : Marcel Reymond Revue Historique vaudoise 1959).
(3) CDJC-II-178 Note du 26 juin 1941, de Rudolf Schleier, de l'ambassade d'Allemagne à Paris, adressée
à la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés, au sujet des requêtes de
laissez-passer de Louise Bergson et de Jeanne Bergson.
à la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés, au sujet des requêtes de
laissez-passer de Louise Bergson et de Jeanne Bergson.
(4) Une des deux soeurs de Louise, Mathilde, épousa Oscar Lange, dont le neveu par
alliance était Henri Franck, le frère de Lisette de Brinon.
(5) Bruno Halioua : "Mères juives des hommes célèbres" (Bibliophane, Daniel Radford 2002) - Jeanne Proust
(p. 185-198)
(5) Bruno Halioua : "Mères juives des hommes célèbres" (Bibliophane, Daniel Radford 2002) - Jeanne Proust
(p. 185-198)
(6) Jacques Chevalier : " Entretiens avec Bergson" (Plon 1959), pp. 299-300.
(7) Michel Laurencin : " Dictionnaire biographique de Touraine ", p. 83.
(8) Jacques et Raïssa Maritain : Grandes amitiés ( Parole et Silence 2000)
Lire aussi Philippe Soulez - Frédéric Worms : " Bergson : biographie " (Flammarion, 1997)
et Frédéric Worms : " Bergson ou les deux sens de la vie " (PUF, 2004)
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