Le « Journal » d’Hélène Berr, déposé par sa famille au Mémorial de la Shoah en 2002, est paru en janvier 2007.
En 262 feuillets, cette jeune Parisienne raconte son désarroi.
En 262 feuillets, cette jeune Parisienne raconte son désarroi.
Celle qui préparait l’agrégation d’anglais, déportée à 24 ans, avait un regard volontaire. Patrick Modiano, qui a préfacé son « Journal », se dit frappé par « son sens quasi météorologique des atmosphères, cette dissonance entre les après-midi de soleil où elle marche dans un Paris radieux et les évènements atroces, effrayants qu’elle vit ».
De 1942 à 1944, Hélène Berr raconte son quotidien, ses flirts, ses escapades à la campagne. Mais son insouciance est rattrapée par l’ordonnance sur le port de l’étoile jaune.
Le lundi 8 juin, elle la portera à la boutonnière, fixée par un bouquet tricolore.
Une semaine plus tôt elle écrivait : « …nous avons discuté de la question de l’insigne (l’étoile jaune). A ce moment-là, j’étais décidée à ne pas le porter. Je considérais cela comme une infamie et une preuve d’obéissance aux lois allemandes. Ce soir, tout a changé à nouveau : je trouve que c’est une lâcheté de ne pas le faire, vis-à-vis de ceux qui le feront. Seulement, si je le porte, je veux toujours être très élégante et très digne, pour que les gens voient ce que c’est. Je veux faire la chose la plus courageuse. Ce soir, je crois que c’est de le porter ».
Le 8 juin, elle écrira : « Mon Dieu, je ne croyais pas que ce serait si dur. J’ai eu beaucoup de courage toute la journée. J’ai porté la tête haute, et j’ai si bien regardé les gens en face, qu’ils détournaient les yeux. Mais c’est dur. D’ailleurs, la majorité des gens ne regarde pas. Le plus pénible, c’est de rencontrer d’autres gens qui l’ont ».
Le 8 juin, elle écrira : « Mon Dieu, je ne croyais pas que ce serait si dur. J’ai eu beaucoup de courage toute la journée. J’ai porté la tête haute, et j’ai si bien regardé les gens en face, qu’ils détournaient les yeux. Mais c’est dur. D’ailleurs, la majorité des gens ne regarde pas. Le plus pénible, c’est de rencontrer d’autres gens qui l’ont ».
Et le lendemain sera pire : « J’ai la figure tendue par l’effort que j’ai fait tout le temps pour retenir des larmes qui jaillissaient je ne sais pourquoi ».
Elle raconte comment on la montre du doigt, comment le contrôleur du métro lui dit de monter dans la dernière voiture…
Le 23 juin 1942, son père Raymond (vice-président de Kuhlmann), est arrêté au prétexte que son étoile était agrafée au lieu d’être cousue. Hélène souligne comment, interrogé avenue Foch, un allemand le traite de « schwein (sale porc) » et lui arrache l’étoile en vociférant « Drancy, Drancy ! ». Un témoignage obtenu lors d’une visite à la préfecture, juste avant son départ pour Drancy.
Grâce aux efforts de ses amis, Raymond Berr sera libéré le 22 septembre 1942.
Interdite d’agrégation, Hélène deviendra assistante sociale à l’Union générale des israélites de France, venant au secours des orphelins juifs.
Elle confiera son « Journal » à une employée de maison qui le cacha, et le remettra après-guerre à Jean Morawiecki, son fiancé qui, à 86 ans, le transmettra à la nièce d’Hélène.
Elle confiera son « Journal » à une employée de maison qui le cacha, et le remettra après-guerre à Jean Morawiecki, son fiancé qui, à 86 ans, le transmettra à la nièce d’Hélène.
Car Hélène sera arrêtée avec son père et sa mère le 8 mars 1944. Tous trois seront déportés le jour de ses 23 ans, le 27 mars 1944, par le convoi n° 70, vers Auschwitz.
Elle mourra à Bergen-Belsen en avril 1945.
« Le Journal » d’Hélène Berr – Tallandier, 2008.
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