Tout opposait Jeanne Louise Rachel Franck et son mari Fernand de Brinon. De onze ans plus jeune, elle est née à Paris le 23 avril 1896, en pleine affaire Dreyfus, dans une grande famille bourgeoise juive alsacienne d’origine belge.
Brinon, né le 16 août 1885 à Libourne, est issu de la noblesse déchue du Bourbonnais. Journaliste, fondateur du comité France-Allemagne en 1935, il sera l’Ambassadeur de France de Pétain à Paris durant toute la période de l’Occupation allemande. Condamné à mort par la Haute Cour de Justice le 6 mars 1947, il sera fusillé le 15 avril 1947 au fort de Montrouge.
Arrêtée en mai 1945, inculpée d’atteinte à la sureté extérieure de l’État et d’intelligence avec l’ennemi, Mme de Brinon retrouva la liberté en septembre 1945 après trois mois passés à la prison de Fresnes. Finalement son dossier sera classé sans suite...
Quelle force a bien pu pousser cette femme au destin hors du commun à rejoindre son mari dans sa fuite à Sigmaringen, le « nid » des derniers ultras de la France vichyste ?
Épouse délaissée, trompée, déshéritée par son mari au profit d’une secrétaire particulière devenue sa légataire universelle, la veuve Brinon vivra endettée jusqu’à la fin de sa vie, touchant de modestes revenus de traductions de romans et de ventes de vins de Bordeaux.
Abandonnée par la « bonne société » d’après-guerre, sa solitude sera égaillée par de rares amitiés comme celle de Jacques Benoist-Méchin, journaliste « collabo », condamné à mort gracié en 1947, et de Roger Peyrefitte, diplomate reconverti dans une carrière littéraire.
En mauvaise santé, elle tira sa révérence à 86 ans, le 26 mars 1982 à l’hôpital de Montmorency (devenu hôpital Simone Veil en 2002), un an après avoir quitté son appartement loué près de la place Saint-Philippe-du-Roule, où elle aurait tant voulu mourir.
À presque 39 ans, Jeanne Franck avait dû se convertir au catholicisme pour pouvoir épouser religieusement Brinon, après que son premier mariage, remontant à janvier 1916, soit annulé par le Pape.
Inconsolable après la mort en 1912, de son frère Henri Franck, poète et brillant normalien de la rue d’Ulm, emporté par la tuberculose à 24 ans, Lisette adoucira ce choc psychologique auprès de Claude Ullmann, un courtier de la Bourse de commerce, issu d’une famille de la plaine Monceau sortie du ghetto de Francfort.
Fantasque, joueur de violon, il ira se battre dans les tranchées de l’Argonne. Deux enfants naîtront de cette première union.
René Franck, le père de Lisette, embauchera son gendre revenu du front dans sa société de courtage de sucre.
Pour tourner la page de la Grande Guerre, Mme Ullmann reçoit la « jet set » des années vingt dans son salon de la rue de Seine. Artistes et relations d’affaires se croisent : Aragon, Cocteau, Drieu la Rochelle, Ève Curie, son cousin Emmanuel Berl qui rédigera les premiers discours de Pétain, sa cousine éloignée Jeanne Bergson, fille sourde et muette du philosophe.
Lisette a besoin de paraître pour s’imposer.
Un grand nez...
Elle est complexée par son physique, « petite, dotée d’un grand nez qui fit son désespoir », rappelle son fils Bernard Ullmann, dans son livre « Lisette de Brinon, ma mère - Une juive dans la tourmente de la Collaboration », paru en 2004 (Éditions Complexe) où il dresse un portrait plein de tendresse. (p. 14)
Le nez a toujours été un objet de moquerie chez les antisémites...
Fait rare pour une femme de cette époque, Lisette passe son permis de conduire à 24 ans.
Lorsque les vacances arrivent, elle roule vers les Pyrénées pour rejoindre la propriété de la famille Franck à Orriule, non loin de Salies-de-Béarn.
Peu à peu le couple s’effiloche et divorce en 1934. La garde des deux enfants mineurs est confiée au père qui se suicidera en avril 1936.
Dès le printemps 1935, Lisette officialise sa relation avec Fernand de Brinon, alors âgé de 49 ans. Brinon, tombé sous le charme, cessa sa relation avec la comédienne Yvonne Ducos.
C’est à Genève, début 1932, dans un hôtel où descendaient des diplomates de la Société des Nations, que Brinon venu assister à la conférence sur le désarmement, fera la connaissance de Mme Ullmann, alors en relation avec René Massigli - un ancien camarade d’Ulm de son regretté frère Henri - devenu haut fonctionnaire au Quai d’Orsay, nommé ambassadeur en Turquie de 1938 à 1940, et futur commissaire des Affaires Etrangères de la France Libre.
Licencié en droit, Brinon préféra le journalisme au barreau.
Ses débuts en 1908, à 23 ans, au conservateur Journal des débats seront interrompus par la Grande Guerre. Mobilisé en 1914 comme officier informateur au GQG - le Grand Quartier Général -, il est remarqué à Verdun par le général Pétain.
La paix retrouvée, il reprend la plume et couvre la signature du traité de Versailles. Il développera des relations avec les « pacifistes » Aristide Briand et Pierre Laval.
Dès 1924 il sera dans les petits papiers d’Édouard Daladier, alors ministre des Colonies.
Une proximité renforcée lorsque celui-ci devient président du Conseil et ministre de la Guerre le 31 janvier 1933, au lendemain de l’accession d’Hitler à la chancellerie du Reich.
Pour « services rendus dans ses missions à l’étranger » Daladier fait même élever Brinon au grade d’officier de la Légion d’honneur.
En Allemagne, cette intimité n’échappe pas à Ribbentrop, futur ministre des Affaires étrangères du IIIe Reich, qui facilitera les reportages de Brinon outre-Rhin. Le journaliste a l’avantage de parler l’allemand, et il participe volontiers aux chasses des dignitaires nazis.
Ribbentrop lui fait rencontrer Goebbels et Rudolph Hess. C’est encore grâce à Ribbentrop que Brinon, en ambassadeur secret de Daladier, rencontrera Hitler, à Berchtesgaden, le 9 septembre 1933, dans le but de préparer une rencontre avec le chef du gouvernement français. Un « sommet » finalement refusé par le « taureau du Vaucluse », qui chargera Brinon de retourner à Berlin pour échanger avec les représentants d’Hitler à propos du désarmement.
Mais un mois plus tard, le 14 octobre 1933, l’Allemagne se retire de la SDN et de la conférence sur le désarmement…
Toujours grâce à Ribbentrop, Brinon sera de nouveau reçu par Hitler, le 16 novembre 1933 à la chancellerie du Reich pour une interview exclusive publiée le 23 dans le quotidien Le Matin.
Une première dans la presse française, cinq mois après la prise de pouvoir du futur dictateur. Le scoop est mémorable et L’Information, quotidien racheté par la banque Lazard, également propriétaire des Débats, donna même son accord à la publication d’extraits de l’interview.
Brinon devient une plume respectée et redoutée.
Mariage religieux à Saint-Sulpice
Le 15 novembre 1934, le mariage civil de Jeanne Louise Rachel Franck et Fernand de Brinon a lieu à la mairie de Neuilly-sur-Seine où réside le couple. Le marié a pour témoins le chef de cabinet de Daladier et le comte de Calèche, directeur du Journal des Débats. Les témoins de la mariée sont la comtesse Anne-Jules de Noailles, et Philippe Clément, l’époux de sa meilleure amie, Colette Mayer-Grünbaum, Juive convertie comme elle, médecin et écrivaine sous le nom de Constance Coline.
Le 17 novembre, le mariage religieux est célébré en l’église Saint Sulpice à Paris, en face de la mairie du VIe où dix-huit ans plus tôt elle épousa civilement Claude Ullmann.
À l’île Saint-Louis, au 24 quai de Béthune, les Brinon louent deux appartements, un de six pièces, bien meublé et décoré, et le second réservé aux deux enfants de Lisette.
Fidèle à ses habitudes mondaines, Mme de Brinon voit défiler dans son salon des partisans du rapprochement franco-allemand, « l’ami » Ribbentrop - futur ministre des Affaires étrangères d'Hitler -, mais aussi le gotha de la finance et de la banque et toujours son cousin Emmanuel Berl, qui dirige alors l’hebdomadaire de gauche Marianne.
Quel rôle exact a-t-elle pu jouer auprès de son mari dans son aveuglement pro-allemand ?
Bernard Ullmann, dans son livre, rappelle que « prudente, Lisette ne cherche pas à se mêler à l’activité professionnelle de son mari » (p. 89)
« En maîtresse de maison accomplie, elle accueille avec le sourire les relations fort nombreuses de son mari : politiciens, diplomates, banquiers, journalistes, diplomates anglais, américains, polonais et, en nombre croissant, nazis de haut rang (…) Dans ces dernières années de l’entre-deux guerres, c’est un peu un Who’s Who du Paris de l’Occupation et de l’Épuration qui vient s’asseoir à la table des Brinon » (p. 94)
Elle est aux côtés de son mari lorsque Brinon assiste en septembre 1935 au congrès de Nuremberg où seront officialisées les premières lois anti-juives.
En octobre, il retourne à Berlin à la demande de Laval pour échanger avec Hitler et Ribbentrop sur les dangers du bolchévisme. Accompagné de son épouse, Brinon est accueilli à bras ouverts.
En février 1936, ils assistent ensemble aux Jeux Olympiques sous les oriflammes nazis des croix gammées...
Le biographe Gilbert Joseph, dans « Fernand Brinon, l’aristocrate de la collaboration », (Albin Michel 2002) note qu’elle est « ravie de l’accueil plein de déférence des dignitaires nazis qui s’inclinent devant elle et lui baisent la main. Elle approuve pleinement l’évolution de son mari parce que, plus à droite que lui et pacifiste comme lui, elle voit dans l’Allemagne hitlérienne la défense avancée et résolue contre le communisme, et que son catholicisme flambant neuf lui confère une certaine distance vis-à-vis de la communauté juive ». (p. 146)
Bernard Ullmann résume autrement la notoriété de son beau-père et le ressenti de sa mère : « Il était, je ne tarderais pas à l’apprendre, non seulement un journaliste très en vogue et bien rétribué, mais aussi un personnage fort bien en cour, tant dans les milieux politiques que dans ceux de la haute finance. Son titre de comte, sa courtoisie un peu distante, la connaissance qu’on lui prête des hommes du jeune régime nazi, mal connus mais entourés d’une sombre auréole, en imposent à plus d’un. À commencer par sa future femme, naïvement ébaubie par la perspective de devenir Madame la Comtesse et de pénétrer, à son bras, dans un monde politique et journalistique qui la fascine et qui lui était resté jusqu’alors inaccessible ». (p.75-76)
Lorsqu’en 1938, le père de Fernand, Robert de Brinon, meurt, son fils devient marquis et Lisette peut porter le titre de « Marquise » de Brinon.
En tant que vice-président du Comité France-Allemagne, Brinon multiplie les conférences en Allemagne. En décembre 1938, deux mois après la signature des accords de Munich, le Comité France-Allemagne organise un déjeuner d’apparat à l’hôtel Crillon et le soir, à l’ambassade d’Allemagne, un banquet réunira le gouvernement présidé par Daladier, à l’exception des ministres juifs.
Ribbentrop est aux côtés de son homologue français Georges Bonnet, ministre des Affaires étrangères. Brinon et son épouse participent aux agapes.
Un an plus tard, le 7 décembre 1939, autre repas d’apparat du Comité France-Allemagne, en l’honneur de Ribbentrop venu signer à Paris « le traité franco-allemand de bonne entente », Lisette sera l’une des seules invités « israélites », précise Bernard Ullmann dans le livre consacré à sa mère (p. 100).
Lorsque la guerre est déclarée en septembre 1939, les Brinon quitteront le quai de Béthune pour se réfugier chez les Franck dans les Basses-Pyrénées. La ligne de démarcation partage en deux le département mais Orriule se trouve en zone libre.
Abetz conseille à Brinon de divorcer
Après cinq ans de mariage, le couple bat de l’aile. Brinon, co-tuteur des enfants Ullmann, aurait envisagé de divorcer, souligne l’historien Gilbert Joseph dans son livre « Fernand de Brinon, l’aristocrate de la Collaboration » (Albin Michel 2002, p. 201).
Bernard Ullmann note également qu’Otto Abetz « aurait même conseiller à Brinon de divorcer. Une recommandation de ses amis allemands que, pour une fois, il n’a pas suivie » (p. 142)
Le projet sera ajourné en raison de la loi du 12 avril 1941 restreignant le divorce des juifs.
Le fils de Lisette évoque la situation particulière du couple en ces termes : « tout en reconnaissant que, du fait de la séparation forcée des années de guerre, leur ménage « n’allait pas très bien », elle arguera, fermement, sans jamais se démentir, que c’est par attachement et par admiration pour ce mari à présent tant décrié qu’elle a tenu à tout prix à le rejoindre en Allemagne » en mai 1945. (p. 154-155)
Face à l’implacable Statut des Juifs d’octobre 1940, Brinon obtient des autorités allemandes le précieux Ausweis permettant à son épouse, épouse d’ambassadeur, de franchir la ligne de démarcation pour se rendre dans la Creuse, au château de La Chassagne, à Felletin, propriété familiale des Brinon.
Lisette y passera beaucoup de temps, se chargeant du suivi d’importants travaux de rénovation. Lorsque Brinon vient, elle sauve les apparences en s’affichant en sa compagnie. Outre ses sauts de puce à Vichy tout proche, elle va respirer à Paris deux ou trois fois par an. Elle a l’habitude de descendre à l’hôtel Bristol.
Le directeur de l’établissement, cité comme témoin par son avocat lorsqu'il lui faudra rendre des comptes, confirmera ces séjours de trois à quatre jours, à partir de fin 1942 : « Elle ne recevait personne. Une seule fois, elle recevra M. de Brinon, le temps du repas. Elle n’a jamais reçu d’Allemands ni de personnages politiques ».
La secrétaire et maîtresse de Brinon, Simone Mittre, également citée comme témoin, précise que Lisette venait « quelques fois rendre visite à son mari place Beauvau ».
Derrière la sollicitude apparente de Brinon vis-à-vis des origines israélites de son épouse, il mène une double vie. Sa femme écartée de sa vie parisienne, il peut entretenir tranquillement sa liaison avec Simone Mittre, à ses côtés depuis le Journal des débats en 1920 où elle entra comme dactylo, sur recommandation de Joseph Kessel. Née le 19 mai 1897, elle a un an de moins que Lisette.
Déjà, quai de Béthune, elle disposait d’un bureau et gérait aussi les affaires familiales de Monsieur. Brinon l’a aussi hébergée pendant la période de la guerre à La Chassagne où elle vivait avec sa mère, infirme, et ses deux soeurs.
À compter du 15 juillet 1940, après avoir quitté son refuge d’Orriule, l’ascension de Brinon sera fulgurante : il rallie Vichy, où cinq jours plus tôt Pétain obtenait les pleins pouvoirs d’une majorité de parlementaires. Laval chargera Brinon de nouer contact avec Abetz, alors conseiller diplomatique du commandant des forces d’Occupation.
Le 3 août, il devient ambassadeur d’Allemagne en France et le restera jusqu’au débarquement allié en Normandie avant de fuir à Sigmaringen.
Dans Paris occupé, Brinon sera l’unique représentant du gouvernement de Vichy, installé à Matignon, au plus près de Laval. Mme Mittre y travaille et dispose d’un appartement sur place.
Pendant tout ce temps, alors que Lisette est quasi invisible aux côtés de son mari à part ses rares incursions à Vichy ou à Paris, Mme Mittre sera omniprésente.
Le 18 novembre 1940, Brinon devient aussi délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés. Il occupe l’ancien bureau du ministre de l’Intérieur place Beauvau où Simone Mittre constitue son cabinet et occupe le poste de chef du secrétariat particulier.
Le 16 juillet 1941 Brinon écrit au préfet de la Seine pour obtenir comme logement de fonction l'hôtel particulier de la princesse de Faucigny-Lucinge, juive et spoliée, fille du banquier Ephrussi, au n° 2, rue Rude. Dès le lendemain, l’immeuble est réquisitionné par la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés.
Ce bâtiment d’une vingtaine de pièces sur 2.500 m2 se trouve à l’angle de la rue Rude et de l’avenue Foch. Simone Mittre s’y installe.
Prenant le rôle de maîtresse de maison par procuration, elle organise des réceptions où défilaient les dignitaires allemands, les SS, mais aussi des artistes français comme Cocteau, le danseur étoile de l’Opéra Serge Lifar, les actrices Arletty, Marie Marquet, Madeleine Renaud, l’écrivain Céline.
Exil intérieur
Mme Mittre a littéralement pris la place de Mme de Brinon contrainte à « l’exil intérieur ». Après guerre, Simone Mittre exprimera sa rancune : « Mme de Brinon, que son mari tenait éloignée pour des raisons personnelles, ne pouvant admettre sa disgrâce, se chargeait de me faire une publicité désobligeante et déplacée pour justifier son isolement qui, d’ailleurs, n’avait rien à voir avec sa race puisqu’elle vivait à Vichy au Majestic et venait à Paris quand elle le voulait ». (Simone Mittre à M° Campana AN 411 AP 8)
En décembre 1940, reclue en Creuse et dans son Béarn, Mme de Brinon décide d’aller passer deux jours à Vichy, avec son fils Bernard, alors étudiant à Montpellier. Un vrai défi au coeur du pouvoir de la Révolution nationale !
Deux jours importants dans l’histoire de la Collaboration où ils croiseront furtivement mari et beau-père dans le hall de l’hôtel du Parc, le QG de Pétain.
Brinon vient d’exposer au maréchal le programme de la réception solennelle des cendres de l’Aiglon, le fils unique de Napoléon, fixée au 15 décembre 1940, rapatrié par train spécial en provenance de Vienne.
Sauf que Pétain n’ira pas aux Invalides. Hitler, furieux, enverra Goering à sa place, et Abetz remettra les cendres du Duc de Reichstadt à… l’amiral Darlan, en lieu et place de Laval que Pétain a renvoyé le 13 décembre !
Ce soir là, Laval « le révoqué » dinera avec Brinon, avant d’être reconduit sous bonne escorte dans sa propriété de Châteldon, à 25 km de Vichy.
À 22 h, Brinon rejoint Lisette et son fils dans leur chambre de l’hôtel Majestic. Bernard Ullmann raconte cet épisode cocasse : « Fernand intime à Lisette l’ordre de se taire. Des micros ont sans nul doute été mis en place. Il ignore encore s’il va être, lui aussi, arrêté le lendemain matin, ou s’il ne s’agit là que d’un confinement de quelques heures. Vers minuit, n’y tenant plus, Lisette, en peignoir, tourne la poignée de la porte, qui n’est pas verrouillée de l’extérieur. Elle se rue dans le couloir où patrouillent des « GP » (Ndlr : gardes de protection) et s’écrit, d’une voix stridente : « On veut assassiner mon mari ! ». Celui-ci, exaspéré, la ramène sans ménagement dans la chambre. Lisette a vraiment oublié la règle essentielle, celle de ne pas se faire remarquer, en un moment particulièrement inopportun, et Brinon en tirera les leçons pour l’avenir. Il l’a tiendra plus que jamais à l’écart de sa vie publique » (p.119)
"Aryenne d'honneur", protégée par les clauses de sauvegarde de l'article 8 du Statut des Juifs de Pétain, à l'abri de la Gestapo mais recluse...
Exemptée provisoirement de l’étoile jaune
À compter du 13 juillet 1942 - trois jours avant la rafle du Vél d’Hiv - Lisette bénéficiera d’une exemption du port de l’étoile jaune. Un certificat provisoire lui sera délivré, valable jusqu’au 31 août 1942. (CDJC-XXVa 174)
Ce délai sera prolongé pour une nouvelle durée de trois mois, « dans la mesure où il existe encore d’autres motifs de dérogation au port de l’étoile juive » peut-on lire dans le document officiel signé par le SS-Sturmbannführer Hagen.
Ce « privilège » sera officialisé le 25 août par une note de Röthke, le chef du service juif de la SS de Paris, où elle figure en tête d’une liste de 26 noms de personnes.
Suivent, trois exemptions sollicitées par Pétain, huit pour « de pressants motifs économiques », sept à la demande des services de renseignements allemands, six pour des juifs travaillant avec la police anti-juive, sept autres exemptions relèvent de demandes de l'AST (contre-espionnage), six exemptions concernent des Juifs « travaillant avec la police anti-juive » et une demande provient du bureau VI N1 (service de renseignement du SD).
Le 1er juin 1943, Hagen transmettra à Brinon, trois certificats d’exemptions, limités jusqu'au 31 août 1943. Jusqu'à cette date, Mme de Brinon, la marquise de Chasseloup-Laubat et la comtesse Bertrand d'Aramon devront établir avec certitude leur ascendance. (CDJC-XXVa 206a )
Et pendant ce temps là, sur les ondes brouillées de la BBC, Pierre Dac fredonne ce refrain : « Vot’femme n’est pas aryenne / Et ron et ron, Monsieur de Brinon »…
Attentat raté contre Brinon...
Georges Mandel assassiné...
Nommé président du comité central de la LVF par Laval en février 1943, Brinon devient une cible. Déjà, en décembre 1942, le gardien de son domaine de Felletin avait obtenu un port d'arme de défense et de chasse, attestant des craintes d'attentat. Une autorisation donnée par René Bousquet à Vichy (96 W2 Archives départementales de la Creuse).
Passionné de courses hippiques, Brinon avait réquisitionné une maison près de l’hippodrome de Chantilly, au Mont de Pô à Gouvieux, où il se rendait presque tous les week-ends en compagnie de Simone Mittre.
Le 14 octobre 1943, Brinon est réveillé vers deux heures du matin par deux explosions. Projetés à un mètre, ils n’ont que quelques égratignures. Des explosifs avaient été placés sur le rebord de la fenêtre de la chambre.
Brinon accusera les communistes de cet attentat dont les auteurs resteront introuvables.
Après le débarquement du 6 juin 1944, les évènements s’accélèreront.
Le 28 juin, Philippe Henriot est abattu au ministère de l’Information. Le 4 juillet, Georges Mandel est assassiné par la Milice.
Après le débarquement allié de Provence, le 15 août, ministres et collabos prennent la direction de l’Est.
L’historien Gilbert Joseph indique que ce même 15 août, Brinon est convoqué à l’ambassade d’Allemagne où Abetz lui annonce qu’il doit se tenir prêt à partir le lendemain, Laval étant emmené à Nancy : « Le matin du 16 août, Brinon s’étant rendu pour la dernière fois à son bureau de la place Beauvau, réunit ses principaux collaborateurs et leur demande, sans grand succès, de le suivre à l’Est, à Belfort où le gouvernement doit se replier. Dans la journée, il signait un chèque de cent cinquante mille francs destiné à son épouse. On ignore si Brinon lui remit ces fonds en mains propres et même s’il la revit avant son départ, mais nous savons par Simone Mittre qu’Alphonse de Châteaubriant, avant de se réfugier en Allemagne, avait révélé à Mme de Brinon la destination future de son mari ». (p.486)
Visas refusés pour la Suisse
Le 18 août, Mme de Brinon est conduite à Vichy où elle voulait obtenir un visa pour la Suisse, pour elle et son mari. Un « sésame » refusé par les autorités helvétiques le 24 août.
Le 25 août, alors que Paris se libère, Mme de Brinon quitte Vichy avec la colonne de la Milice.
Brinon fait route avec Mme Mittre pour Nancy où ils sont hébergés par un allemand qui dirigeait le journal L’Écho de Nancy. Seul, le 28 août, en compagnie de Darnand et Abetz, il rejoindra Ribbentrop près de Rastenbourg. Le 1er septembre, la délégation française regroupant Brinon, Déat, Darnand, Marion, est reçue par Hitler à la Tanière du loup.
De retour à Belfort, le 3 septembre, Brinon s’apprête à quitter la France.
Le 8, Mme de Brinon arrive à Nancy pensant y trouver son mari. Elle se rend à Belfort, mais il n’y est plus. Il a pris la direction du château de Sigmaringen où la délégation gouvernementale s’installe, Abetz occupant pas moins de vingt-huit pièces.
Arrivée à Sigmaringen, venant de Constance, Mme de Brinon, sera logée en dehors du château, et croisera Mme Mittre et Jacqueline Marchand, une autre secrétaire et maîtresse de Brinon.
Gilbert Joseph fait état d’une ordonnance d’un chirurgien, datée de mars 1945, pour le traitement d’un adénome de la prostate et une infection urinaire, qui « sème le doute sur les activités amoureuses de Brinon » (p. 532, AN 411 AP 8)
Le 21 avril à l’aube, Brinon et consorts prennent la direction de Salo, en Italie, capitale de la République fasciste de Mussolini. À Innsbruck son convoi de onze personnes est bloqué, seuls les convois militaires étant autorisés.
Le 24 avril, ils arrivent à Hoch Finstermünz. Mme de Brinon laisse son mari et ses deux secrétaires et se présente le 25 avril à la frontière suisse. En vain.
Pétain arrêté est transféré au fort de Montrouge. Laval a réussi à rejoindre l’Espagne. Le 30 avril, Hitler s’est suicidé. Le 2 mai, l’Allemagne capitule et les Russes occupent Berlin.
Direction la prison de Fresnes
Brinon et son épouse décident de se rendre aux Américains le 8 mai 1945, à la frontière austro-suisse, à Nauders. Le 9 mai, Brinon et ses trois femmes sont remis aux troupes françaises à Lindau, sur le lac de Constance où est cantonnée la Première Armée française.
Brinon restera dans une cellule jusqu’au 18 mai.
Transféré à Paris le 20 mai, inculpé, Brinon est renvoyé en prison à Fresnes où ses troubles urinaires s’aggravent.
Le 23 mai, Lisette de Brinon rejoindra la division des femmes de Fresnes, où elle occupe seule une cellule.
Interrogée le 21 mai 1945, par le commissaire André Michel, elle s’explique en détails sur son départ pour l’Allemagne : « Le 16 août 1944, lorsque mon mari est parti avec le gouvernement pour Nancy, j’ai décidé de me rendre également dans cette ville, mais de ne pas quitter la France. Je ne pouvais du reste pas me rendre en Allemagne puisque je ne possédais pas de papiers m’autorisant à aller dans ce pays. Me trouvant à Belfort sans nouvelles de mon mari, je me suis rendue en Allemagne dans l’espoir de le retrouver mais sans résultat.
Je suis revenue en France mais cette fois j’ai été bloquée dans Belfort et j’ai du repartir pour l’Alsace pensant pouvoir séjourner à Mulhouse.
Je suis restée dans cette ville une dizaine de jours espérant avoir des nouvelles de mon mari, lui écrivant des lettres qu’il n’a jamais reçues.
J’ai essayé encore de rentrer en France mais cette fois il m’a été impossible de passer.
Fin septembre, dans mon désespoir de ne pouvoir obtenir aucune nouvelle de mon mari, je me suis rendue à Fribourg puis à Constance où je suis arrivée vers le 10 octobre 1944. Là, j’ai tout de même pu savoir où se trouvait mon mari.
À cette époque j’ai fait une demande afin de rentrer en France par la Suisse ? J’ai également tenté de rentrer en France en passant par l’Espagne et cette fois encore les Allemands se sont opposés à mon départ, m’interdisant en même temps de résider avec mon mari. Vers le 15 avril, au moment de la débâcle allemande à Sigmaringen j’ai réussi à rejoindre mon mari ».
Lisette de Brinon ne devra son salut qu’à son complet désintérêt pour la chose politique. Toute sa défense sera basée sur sa non-intervention. Une réalité qui ressort des interrogatoires de la police et des conclusions du parquet :
« En 1936, elle accompagna M. de Brinon en Allemagne aux Jeux Olympiques, sans déployer la moindre activité » (interrogatoire du 30 août 1945 par le commissaire René Riquet).
Dans son réquisitoire aux fins de classement du 10 septembre 1945, le juge d’instruction Pierre Marchat arrive à la conclusion qu’elle « ne participa en aucune façon à l’activité politique de son mari dans la période qui précède la guerre.
Durant la période d’occupation, elle vécut pratiquement séparée de son mari, dans des propriétés sises dans la Creuse et les Basses-Pyrénées. Elle ne vit que très rarement, durant cette période, son mari, à l’occasion de quelques rares et brefs séjours qu’elle faisait à Paris, pour effectuer des achats.
Les témoins entendus sont unanimes à déclarer que l’inculpée évitait de faire même allusion aux questions politiques et que la seule activité qu’elle manifesta eut pour objet de rendre service à des français, soit pour les empêcher de partir en Allemagne, soit pour favoriser le rapatriement des prisonniers ».
Parmi les témoins sont cités, un brigadier de police d'Orriule atteste qu'elle a fait libérer des prisonniers originaires de la commune. La directrice de son magasin de couture à Biarritz explique que Mme de Brinon a obtenu de faire rentrer d'Allemagne le mari d'une employée, prisonnier de guerre, et que trois employés ne partent pas au STO. Le directeur de l'hôtel Bristol souligne qu'elle n'a jamais reçu d'Allemands ni de personnages politiques. Un témoignage confirmé par le propriétaire de l'hôtel.
Outre ces témoignages, les Renseignements Généraux de Guéret transmettront une note (datée du 19 décembre 1944, Archives départementales de la Creuse 107 W4 ) à la Direction Générale de la Sûreté Nationale, suite à une demande de la commission départementale d'épuration. Il apparaît qu'un membre de la Milice, en fuite, entretenait de bonnes relations avec le chef départemental de la Légion et avec Mme de Brinon. L'individu est considéré comme dangereux et une demande de mandat d'arrêt sera lancé contre lui mais aucune précision n'est donnée par l'enquête concernant l'attitude de Mme de Brinon.
« J’avais une grande admiration
pour mon mari »
Le 12 juin 1945, devant le juge d’instruction, en présence de ses avocats M° Floriot et Vienot, elle précisait sa position en rendant hommage à son époux : « Je n’ai eu aucune influence politique sur mon mari. Avant guerre, mon mari était pacifiste, j’avais les mêmes idées et je dois dire que j’avais une grande admiration pour mon mari (…) Quand la guerre est arrivée, j’étais dans les Pyrénées. Je devais y rester après l’armistice et même lorsque mon mari fut appelé par M. Laval et lorsqu’il a appartenu au conseil du gouvernement, j’étais israélite et comme telle je ne fus jamais tolérée par les allemands. Je devais vivre en dehors de lui d’abord dans les Pyrénées (Ndlr : dans sa propriété familiale d’Orriule) puis dans une propriété de la Creuse (Ndlr : le château de Felletin, propriété de la famille de Brinon) où je me consacrais à l’agriculture. Je voyais mon mari quand il venait à Vichy et ce n’est que sous les prétextes les plus divers (médecin, dentiste, etc.) que je pouvais aller de temps en temps à Paris. Je voyais M. de Brinon qu’en coup de vent et être deux portes. Je n’ai pas besoin de vous dire que mon ménage en raison de cette séparation conjugale n’allait pas très bien ».
« Est-ce que l’on me reprochera d’avoir tenté d’aller en Allemagne pour retrouver mon mari ? » interroge-t-elle.
« Mon mari était malade, je ne savais pas ce qu’il était devenu. J’avais écrit et je ne recevais pas de réponse (…) J’ai cherché mon mari à Nancy et à Belfort mais en vain. J’ai été à Mulhouse espérant avoir des nouvelles. Encore en vain. De désespoir de cause j’ai essayé de rentrer en France mais Belfort était en état de siège et personne ne pouvait passer. C’est dans ces conditions que je suis allée à Fribourg puis à Constance (…) Ce n’est que vers la fin avril que j’ai pu rejoindre mon mari à Sigmaringen mais toujours en raison de mon origine israélite je ne fus pas autorisée à résider avec lui. Étant donnée la vie séparée que je vivais avec mon mari comment croire que j’ai pu avoir une influence politique sur lui et que j’ai pu être mêlée, même de très loin, à son activité gouvernementale ».
Lors de son arrestation, la police judiciaire saisira une serviette contenant 789 billets de 5.000 francs et 44 billets de 1.000 francs. Une somme totale de 4 millions, confiée par Brinon à sa femme. Interrogée, elle précisa : « je répète que j’étais israélite et que je ne pouvais laisser d’argent dans des établissements de crédit. Vous vous étonnez également du nombre de billets de 5000 Francs qui ont été trouvés en ma possession. J’étais très dépensière et j’étais plus hésitante à entamer un gros billet qu’un moyen ou un petit ».
Au sujet de l’influence de Mme Mittre sur son mari, Mme de Brinon fera cette déclaration qui masque son humiliation d'épouse trompée : « Je ne peux donner aucun renseignement sur l’influence qu’à pu avoir Mme Mittre sur mon mari. Je sais simplement qu’elle est à son service depuis plus de 20 ans et qu’elle lui a été toujours entièrement dévouée ».
Du fond de sa cellule, « la Marquise » a perdu de sa superbe. Déprimée, ne recevant aucun colis, après avoir égaré sa carte d’alimentation, elle souffre de ses fractures causées en 1941 par une chute de vélo.
Dans une lettre désespérée adressée au juge d’instruction le 24 juillet, elle demande l’audition de ses témoins. La veille s’ouvrait le procès du Maréchal Pétain où Brinon témoignera le 9 août (photo ci-contre)…
Evoquant « l’incroyable injustice de mon sort », elle explique que ses biens ont été transportés dans la Creuse où la propriété a été pillée. « Nous avons, mes enfants et moi tout perdu. Ma maison des Pyrénées non plus n’a pas été épargnée ».
Sur le fait d’avoir rejoint son mari à Belfort elle interroge : « Peut-on vraiment le reprocher à une femme inquiète de la santé de son mari ? »
Plus de trois mois
d'incarcération
Le 1er août, un médecin expert est missionné pour savoir si elle supporte sa détention. Il constate qu’elle souffre de ses fractures du rocher et de la clavicule. Amaigrie, atteinte d’une bronchite chronique, dépressive, avec des troubles gastro-intestinaux, hépatiques, il conclue le 9 août : « Il conviendrait que la détention préventive ne soit pas trop prolongée ».
Malgré ce diagnostic, sa demande de mise en liberté provisoire est rejetée le 10 août.
Une nouvelle demande est formulée le 14 août.
Le 22 août son avocat, M° Viénot, écrit : « Ma cliente est détenue depuis plus de trois mois sans qu’aucune charge ait pu être précisée contre elle. Elle n’a exercé pendant toute l’Occupation aucune activité politique, et il ne se trouve aucun témoin pour affirmer le contraire. La prolongation de sa détention ne se comprendrait pas ».
Le 7 septembre 1945, Lisette de Brinon retrouve la liberté.
Quant à Mme Mittre, elle verra son inculpation d'intelligence avec l'ennemi classée sans suite le 18 septembre 1945.
Parmi ses témoins, deux méritent d'être retenus : le fils de l'antiquaire juive Rachel Bernheim, déclare que "le bureau de Mme Mittre était un bureau de bienfaisance. En septembre 1943, ma mère a été arrêtée. Le soir même elle était chez elle grâce à l'intervention de Mme Mittre".
Autre témoignage favorable, celui d'Edmone Adès qui obtiendra en quelques semaines de Mme Mittre un "ausweis" pour la zone libre, en avril 1941.
Cette employée de banque, juive, devait impérativement se replier à Lyon, où la banque Lazard "aryanisée", avait transféré une partie de son personnel israélite. Elle pourra y partir avec sa grand-mère, britannique, dont elle ne voulait pas se séparer.
Dans une attestation, datée du 16 juin 1945, Mme Adès écrit : "Ma reconnaissance envers Mme Mittre que je ne connaissais pas et qui a agi par pure humanité a été et demeure très grande. Je suis prête à faire cette déclaration sous la foi du serment".
Brinon salué
par le Col Rémy
Quant à Fernand de Brinon, jugé par la Haute Cour de justice, il n'échappera pas à la condamnation à mort.
Rares seront ceux qui viendront témoigner en sa faveur, malgré les demandes de Mme de Brinon à plusieurs "amis". Daladier est venu mais pas Cocteau.
Ils n'auraient rien changé face au poids des accusations lancées contre "le traitre à la Nation".
Seule la reconnaissance du colonel Rémy (1904-1984), Compagnon de la Libération et grand résistant aurait pu, peut être, attendrir les juges. (Rémy ira jusqu'à prôner la réhabilitation de Pétain, passant après-guerre du gaullisme à l'extrême-droite)
En 1944, Brinon était intervenu pour faire libérer six membres proches de sa famille arrêtés par la Gestapo. Brinon fera libérer la mère et trois soeurs du résistant, alors activement recherché. Dans une lettre écrite en février 1947, à M° Bizos, un des huit avocats de Brinon, Rémy écrit : " J'ai appartenu à un camp différent de celui de M. de Brinon. Je ne lui conserve pas moins une très vive reconnaissance pour son geste qui, je le sais, lui a été dicté par un sentiment d'humanité. J'avais demandé à être entendu comme témoin, mais je n'ai jamais eu à cet égard la moindre réponse ". (archives Christophe Moreigne)
Brinon interviendra pour d'autres personnes arrêtées, et quelques unes signeront en faveur d'un recours en grâce : Jean Cocteau, Maurice Goudeket (le mari de Colette), Madeleine Renaud, Tristan Bernard.
Fusillé au fort de Montrouge, Brinon sera enterré à Thiais. En mai 1947, le corps sera exhumé et transféré au cimetière de Saint-Quentin-la-Chabanne (Creuse), commune limitrophe de Felletin. La tombe indique que le défunt a été ambassadeur de France, sans préciser qu'il fut le seul ambassadeur du gouvernement auprès de l'occupant allemand.
Lisette de Brinon, repose loin de son mari, inhumée au cimetière communal de Nemours (Seine-et-Marne) sur les bords du Loing de sa jeunesse.
Thierry Noël-Guitelman
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