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vendredi 21 août 2020

D'autres arrestations...

6 juin 1942 : la veille du jour où la 8e ordonnance allemande instaurait le port de l’étoile, une circulaire du directeur de la police judiciaire et du délégué du préfet de police de Paris, était adressée à tous les commissaires pour préciser les mesures à prendre contre les Juifs qui ne portent pas de façon évidente l’étoile jaune. (CDJC-XX-31)

Conséquence immédiate, le 8 juin, deux femmes contrôlées par la Feldgendarmerie sont écrouées à la caserne des Tourelles : Berthe Steinberg ne portait pas son étoile et Alice Heni n’avait pas sa carte d’identité. (CDJC-XLIXa-74)

10 juin 1942 : dans une note du SS-Obersturmführer Heinz Röthke sur l’introduction de l’étoile jaune,  il est fait mention de l’arrestation d’environ 40 personnes : « parce qu'elles ne portaient pas l'étoile juive, parce qu'elles portaient encore d'autres insignes ou parce qu'elles portaient plusieurs étoiles. Outre ces Juifs, un certain nombre de non-Juifs qui portaient l'étoile jaune sans y être obligé ou portaient des imitations de l'étoile jaune avec des inscriptions différentes ou d'autres insignes fantaisistes ont été arrêtés. Les Juifs ayant 18 ans révolus ont été internés à Drancy, les autres Juives aux Tourelles. Les non-Juifs ont été traités de la même manière. Les enfants et les jeunes, gardés 24 ou 48 heures, après avoir été rappelés fermement à l'obéissance à l'ordonnance, ont été libérés ». (CDJC-XLIXa-33 et Cécile Gruat et Cédric Leblanc : Amis des Juifs, les résistants aux étoiles, Tiresias - Les oubliés de l’histoire, 2005)


Françoise Siefridt, jeune lycéenne de la Jeunesse étudiante chrétienne féminine (JECF) avait brodé le mot "papou" sur son étoile. Elle restera à Drancy jusqu’au 31 août 1942. (Françoise Siefridt : « J’ai voulu porter l’étoile jaune », Robert Laffont, 2010)


1er septembre 1942 : Louise Jacobson, lycéenne de 17 ans, est incarcérée à Fresnes. Dénoncée pour ne pas avoir porté d’étoile, elle est arrêtée chez elle, rue des Boulets (11e), par la police française. Drancy, Beaune-la-Rolande, elle est gazée à son arrivée à Auschwitz, par le convoi n° 48 du 13 février 1943. Sa mère Olga, emprisonnée à la Petite Roquette, partira par le convoi N° 62.

Louise a laissé six mois de lettres émouvantes écrites pendant sa captivité que sa soeur fera publier en 1989 et qui seront adaptées au théâtre. (Nadia Kaluski-Jacobson : Les lettres de Louise Jacobson et de ses proches 1942-43, Laffont, 1997)


10 novembre 1942 : arrestation à La Couarde-sur-Mer, à l’Ile de Ré, de Pauline, 73 ans, et Moïse Berger, 77 ans. Dénoncés par le maire Gaston B. à un inspecteur, il indiqua « qu’ils ne portaient pas toujours bien l’insigne ». Les époux Berger seront arrêtés à leur domicile parisien avec leurs filles Rose, 44 ans, Emma, 41 ans et Hélène, 36 ans. Tous seront déportés à Auschwitz, convoi n°48, parti de Drancy le 13 février 1943. (CDJC-CCXVIII-24_001)


8 décembre 1942 : Albert Morhaim, 18 ans, est arrêté dans le métro par Robert Douillet, chef du service des inspecteurs à la SEC pour absence d'étoile jaune. Amené au siège de la SEC il est brutalisé. Plus tard, à Champigny-sur-Marne, sa famille est arrêtée : ses parents, son frère Roger et sa soeur Rachel. Ils seront tous déportés le 11 décembre 1943 par le convoi n° 47. Aucun n'a survécu. (Laurent Joly : Vichy dans la Solution Finale - Histoire du Commissariat Général aux Questions Juives, Grasset 2006, p. 622-643)


1er janvier 1943 : Emile Moha, 62 ans, déjà arrêté au début de la guerre par la police française, l'est à nouveau pour absence d'étoile. Soupçonné de camoufler son origine juive, il est convoqué par la police pour violation de la 9e ordonnance et non port de l'étoile jaune. Le 18 février, demande sera faite au commissaire Permilleux d'arrêter toute sa famille et de les interner à Drancy. (CDJC-XLII-41)


5 août 1943 : Marguerite Gleidmann, d’origine hongroise, est arrêtée par l’inspecteur Robert Douillet, pour avoir attaché son étoile avec des épingles au lieu de l’avoir cousue. Déportée par le convoi n°59 du 2 septembre 1943. (CDJC-LXXXIX-92)

 

26 octobre 1943 : Douillet arrête Simone Lackenbacher, 32 ans, employée d’une pharmacie rue des Batignolles (20e). Le rapport précise : «  Trouvé la Juive à la caisse sans étoile. Cette juive a tenté de prendre la fuite mais a été appréhendée à nouveau ». Consignée au poste, elle sera déportée par le convoi n°62 du 20 novembre 1943. 

L'inspecteur Douillet sera condamné à 15 ans de travaux forcés par la Cour de justice de Paris en août 1949. (AN-AJ 38-6)


27 janvier 1944 : Enfant cachée, Colette Rozen, 12 ans, de Saint-Dizier (Haute-Marne), dénoncée, est arrêtée dans sa classe par les gendarmes. Déportée à Auschwitz, convoi n°68 du 10 février 1944. Sa petite soeur Annette, 3 ans, ne sera pas arrêtée. Leur père Mordka, tailleur, né à Lodz (Pologne), qui faisait passer des courriers aux familles d'accueil de ses enfants, sera arrêté avec sa femme Bayla. Déportés le 27 juillet 1942, ils sont morts à Auschwitz le 1er août 1942. Il écrivait : 

« J'espère que Colette n'aura pas besoin de porter l'insigne vu que nous ne sommes plus là. Elle n'attirera pas l'attention des gens ». (Récit de Sylviane Cuartero pour Guysen Israël News du 14 avril 2007).

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