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samedi 27 février 2016

L'hommage de l'Académie des César à Nita Raya

Nita Raya est apparue sur l'écran des César (capture d'écran Canal Plus)
Vendredi 26 février, l'Academie des César a rendu hommage aux nombreux disparus de l'année.
L'actrice Nita Raya, décédée le 25 mars 2015 à 99 ans, est apparue en photo.
On peut la voir sur le site de Canal plus, dans l'intégrale de la cérémonie en pointant sur 1 h 25'25".

Merci à Elodie Saura qui, mi-janvier, m'a demandé pour l'Academie, une photo de celle qui fut la compagne de Maurice Chevalier (le roi du music hall la protégea durant la Seconde guerre mondiale).
Ne disposant pas de documents originaux, je l'ai mise en contact avec son petit-fils Grégoire Akcelrod.
Nita Raya, d'origine juive roumaine- était née Raya Jerkovitch.

Danseuse, chanteuse, meneuse de revue, elle participa à de nombreux films de 1934 à 1954 et tourna pour les plus grands cinéastes de l'époque comme Christian-Jaque, Abel Gance, Maurice Gleize, Pierre Colombier, Marcel L'Herbier, Maurice Dekobra.

Cet ultime hommage de la profession répare un oubli de plus de soixante ans !





Pour en savoir plus sur Nita Raya :

mercredi 24 février 2016

Serge Klarsfeld : L'avenir de la mémoire est garanti mais il faut s'engager

Serge Klarsfeld était l'invité du Musée de la Résistance et de la Déportation de Haute-Garonne, le 23 février 2016.
Serge Klarsfeld : " Il faut s'engager "
Militant de la mémoire de la Shoah, Serge Klarsfeld est venu présenter à Toulouse, dans l'hémicycle du conseil départemental, son dernier ouvrage, "Mémoires", co-écrit avec son épouse Beate (Fayard-Flammarion, 2015).
A ses côtés, symboles de la poursuite du travail de mémoire, les jeunes historiens Alexandre Doulut et Sandrine Labeau, pour " 1945, les rescapés Juifs d'Auschwitz témoignent " (Après l'oubli - FFDJF, 2015). Le débat était animé par Hubert Strouk, coordinateur régional du Mémorial de la Shoah et Guillaume Agullo, directeur du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation.
Celui qui, depuis son mariage en 1963 avec Beate Klarsfeld, s'est engagé dans ce combat sans relâche pour ne pas oublier, garde le cap, renforcé dans ses convictions par la progression de l'antisémitisme, du terrorisme et le fondamentalisme islamiste.
"La Shoah continuera d'interpeller nos sociétés occidentales pendant très longtemps" a déclaré l'historien-avocat qui rappela son parcours.
Né en 1935 en Roumanie, celui qui échappa à la Gestapo en 1943, à Nice, a vu son père déporté vers Auschwitz. Sa rencontre avec la fille d'un ancien officier de la Wermacht, a permis d'unir leur destin, pour comprendre et dénoncer ce qui allait devenir la plus grande tragédie du vingtième siècle.
" Nous avons été plongés dans l'exceptionnalité. On peut s'engager et agir sur l'Histoire " a souligné Serge Klarsfeld en rappelant l'épisode de la gifle donnée par Beate, en 1968, au chancelier allemand, ex-nazi, Kurt Kiesinger. Un acte militant fondateur qui a permis de réveiller les consciences, des deux côtés du Rhin et bien au delà.
S'engagea alors une action de longue haleine pour retrouver les anciens criminels nazis et les faire juger. " Notre premier combat a été d'épurer la société allemande. Puis, ce fut Vichy et c'est à Toulouse, en février 1973, que Beate, revenant de Bolivie, sur les traces de Klaus Barbie, rappela le rôle joué en France par René Bousquet, qui a sévi ici." (voir NDLR)
Serge Klarsfeld rappela également les actions menées contre Paul Touvier, seul français condamné pour crimes contre l'humanité en 1994 (grâcié en 1971 par le président Pompidou), et Maurice Papon, ancien secrétaire général de la préfecture de Bordeaux, devenu ministre, condamné à dix ans de réclusion criminelle en 1998.

Les menaces existent...

De l'association des Fils et Filles de déportés juifs de France, créée en 1979, à la parution des Mémorials de la Shoah en 1978 et 2012, Serge et Beate Klarsfeld n'ont jamais baissé les bras.
Ils poursuivent leur combat, passant le relais à la nouvelle génération.
Serge Klarsfeld a d'ailleurs co-signé le livre "1945, les rescapés Juifs d'Auschwitz témoignent", rappelant qu'il confia ses archives à Alexandre Doulut qui décrypta les auditions faites après guerre par le ministère des Anciens Combattants.
Il salua fraternellement la Toulousaine Marise Crémieux-Hurstel, 88 ans, auteur de " Journal d'une adolescente juive sous Vichy " (Privat, 2016), écrit à l'initiative de sa belle-fille Nicole Zimermann, journaliste. Avec émotion elle lui a remis le manuscrit original de ses carnets de jeunesse qui ira rejoindre le Mémorial de la Shoah à Paris. Une transmission effectuée en présence de Jacques Fredj, qui dirige l'institution.
La parole longtemps enfouie, que la société française ne voulait pas entendre, est désormais protégée...
Pour l'avenir, malgré l'inéluctable disparition des derniers témoins, Serge Klarsfeld reste confiant en dépit du contexte actuel : "il a fallu une bonne trentaine d'années pour se rendre compte du crime commis. Avec les historiens, l'avenir de la mémoire est garanti. Mais devant la montée des extrêmes et l'antisémitisme, l'avenir politique n'est pas garanti. Les menaces existent toujours et c'est pourquoi il faut s'engager" a-t-il conclu.

Thierry Noël-Guitelman

NDLR : L'organisateur de la rafle du Vel d'Hiv, secrétaire général de la police de Vichy, proche de François Mitterrand, réussit à échapper à l'épuration malgré sa comparution devant la Haute Cour de Justice qui l'acquitta. Radié de la fonction publique il fit partie du conseil d'administration du journal régional La Dépêche de 1959 à 1971. En 1991, il est inculpé de crimes contre l'humanité mais il sera assassiné de cinq balles de révolver à son domicile parisien).

Dédicace de Serge Klarsfeld à un rescapé du camp de Dora


Sandrine Labeau
Alexandre Doulut
Mme Crémieux-Hurstel